Comment dialoguer dans l’Église hiérarchique catholique et romaine, en une leçon
Par Anne-Marie Hermet
Nous (NSAE 15) avions envoyé à notre évêque, Bruno Grua, le communiqué de presse de NSAE.
Nous venons de recevoir sa réponse (ci-dessous).
Pour continuer à réfléchir, lire : Après la privatisation du monde : les biens communs de Gaël Giraud, dont cet extrait :
Second récit de l’Ascension AC 1, 7
À la question des apôtres « quand vas-tu rétablir le royaume de David ? » Jésus répond une phrase mystérieuse : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et moments que le Père a fixés de sa seule autorité. Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Puis il disparaît et l’ange les renvoie à la vie quotidienne dans le monde.Il y a deux interprétations de ce texte, d’où découlent deux théologies politiques.
• Première interprétation : le Christ est allé s’asseoir sur le trône du Père, d’où il siège, à la droite du Père. Il règne sur le monde, même s’il s’abstient d’intervenir directement. Il le fait par l’intermédiaire d’un lieutenant, son porte-parole qui va jouir d’une délégation de pouvoir du Christ souverain. S’enracine ici la théologie de la représentation (qui est source de la représentation politique dont nous avons dit qu’elle est en crise). Celui qui aurait dû s’asseoir sur le trône, lieu du pouvoir, c’est le Christ, mais il a refusé et c’est déroutant. Mais il n’est pas très loin, nous dit cette théologie, il lui faut simplement des gouvernants légitimes autorisés à parler en son nom.
• Seconde interprétation : le Christ, invité par les apôtres, refuse de s’asseoir sur le trône de David. Il laisse le trône vacant. Il nous dit que nul ne pourra prétendre être l’incarnation du pouvoir absolu. Seul Dieu en dispose et sa manifestation est renvoyée à la fin des temps. D’ici là, on est renvoyés dans une espèce de clair-obscur inconfortable. Le lieu du pouvoir est vide et il faut construire les figures du bien sans certitude, mais avec la force de l’Esprit qui va inspirer la créativité.
C’est une autre interprétation du texte, complètement différente : le Christ s’est absenté, on en prend acte. Le règne est reporté à la fin des temps et dans l’entre-temps c’est à nous d’apprendre à gérer cette place vide qui nous est laissée.
Illustration : TARTAUD-GINESTE / CC BY (https://creativecommons.org/licenses/by/3.0)