Par Roy Bourgeois
En ces temps difficiles, je suis rempli d’espoir en voyant tant de personnes dans notre pays parler du racisme et de la suprématie blanche. Il semble qu’une prise de conscience accrue de la nécessité de l’égalité s’installe là où nous voyions auparavant apathie et indifférence.
Une autre forme de suprématie – la suprématie masculine – sévit dans notre monde depuis bien trop longtemps. Ayant servi comme prêtre catholique pendant 40 ans, je connais bien les injustices qui résultent lorsque le pouvoir institutionnel repose uniquement entre les mains d’une élite, en l’occurrence, le sacerdoce exclusivement masculin. Alors que le monde qui l’entoure lutte pour l’égalité, la hiérarchie de l’Église s’accroche à son pouvoir, en avançant les mêmes justifications usées de la subordination des femmes, en grande partie enracinées dans la pseudoscience et les rêveries ignorantes des philosophes médiévaux.
Les suprémacistes masculins catholiques – et je ne pense pas qu’il soit exagéré de les décrire comme tels – croient que l’Église leur appartient. Ces dernières années, nous avons vu le Vatican s’engager dans des tentatives fallacieuses pour trouver un « rôle » acceptable pour les femmes dans l’Église, en croyant que quelques changements cosmétiques pourraient convaincre les femmes de cesser de militer pour l’égalité. Ces hommes voient les femmes comme des êtres inférieurs, uniquement aptes à faire le travail qu’ils considèrent comme inférieur.
En conséquence, les femmes catholiques sont reléguées à fournir à l’élite masculine dirigeante une main-d’œuvre gratuite ou bon marché, soit comme religieuses, bénévoles soit comme employées de l’église travaillant pour des salaires de misère. Les femmes qui aspirent à l’ordination, seule voie d’accès à une place significative dans la hiérarchie – même celles qui osent parler ouvertement d’une telle possibilité – deviennent les cibles d’un sacerdoce profondément misogyne dans le seul but de faire taire celui qui a osé remettre en cause l’asservissement des femmes dans l’Église.
En 2012, 40 ans après avoir été ordonné prêtre catholique dans l’ordre de Maryknoll, j’ai été démis pour un tel délit, le Vatican m’accusant de créer un « scandale grave » en soutenant publiquement l’ordination des femmes au sacerdoce catholique.
Un an auparavant, j’avais envoyé une lettre à chaque membre de la communauté de Maryknoll, croyant que parce qu’ils avaient fait l’expérience de l’appel de Dieu à la prêtrise, ils se sentiraient eux aussi obligés de se solidariser avec les femmes appelées à servir le peuple de Dieu en tant que prêtre catholique.
Beaucoup de mes confrères prêtres ont répondu par un silence de pierre, d’autres ont réagi avec colère, se comportant comme si je m’étais rangé du côté de l’ennemi. Un petit nombre a reconnu soutenir l’ordination des femmes, mais ne pas pouvoir supporter de risquer de perdre statut et pouvoir en prenant position. Depuis lors, j’ai constaté que j’avais gravement sous-estimé à la fois l’addiction du clergé au pouvoir et la profondeur du sexisme et de la misogynie inhérente au sacerdoce exclusivement masculin.
Aujourd’hui, alors que je vois des gens envahir les rues pour exiger la fin du racisme et le démantèlement du pouvoir institutionnel qui permet à la suprématie blanche de rester intouchée, je ne peux qu’espérer qu’un jour les catholiques se lèveront de la même manière et demanderont la fin de la suprématie masculine dans l’Église avec le même courage et la même détermination.
Source : https://www.ncronline.org/news/opinion/its-time-end-male-supremacy-catholic-church
Nous reproduisons ci-après un article de Roy Bourgeois publié le 25 août 2018
Le sacerdoce exclusivement masculin se retrouve dans un autre scandale
En tant que prêtre catholique, j’ai fait l’inavouable. J’ai demandé l’ordination des femmes dans l’Église. Le Vatican a réagi rapidement. La Congrégation pour la doctrine de la foi m’a informé que je « causais un grave scandale » dans l’Église et que j’avais 30 jours pour me rétracter de mon soutien public à l’ordination des femmes, sous peine d’être exclu du sacerdoce.
J’ai dit au Vatican que ce n’était pas possible. Croyant que les femmes et les hommes sont créés avec la même valeur et la même dignité et que tous deux sont appelés par un Dieu d’amour à servir comme prêtres, ma conscience ne me permettait pas d’abjurer. Dans ma réponse, j’ai estimé qu’il était également important de préciser que lorsque les catholiques entendent le mot « scandale », ils pensent aux milliers d’enfants qui ont été violés et abusés par des prêtres catholiques – et non à l’ordination des femmes.
En 2010, le Vatican a qualifié l’ordination des femmes à la prêtrise de crime comparable à celui de l’abus sexuel des enfants. Toutefois, à en juger par ses actions, il semblerait que le Vatican considère l’ordination des femmes comme un crime bien plus grave que les abus sur les enfants. Parmi les milliers de prêtres qui ont violé et abusé sexuellement d’enfants, la grande majorité n’a pas été évincée de la prêtrise ou excommuniée. Cependant, toute femme qui a été ordonnée au sacerdoce catholique a été excommuniée par le Vatican.
Et en 2012, après avoir été prêtre catholique au sein de l’Ordre missionnaire de Maryknoll pendant 40 ans, j’ai été exclue du sacerdoce pour avoir refusé d’abjurer mon soutien public à l’ordination des femmes.
Aujourd’hui, une fois de plus, un scandale secoue l’Église catholique. Cette fois, il s’agit de six diocèses catholiques de Pennsylvanie. Selon le rapport d’un grand jury, à partir des années 1950, plus de 300 « prêtres prédateurs » ont abusé sexuellement de plus de 1000 enfants.
Le rapport de 1 400 pages, rédigé par 23 grands jurés en deux ans, déclarait que « les prêtres violaient des petits garçons et des petites filles, et les hommes de Dieu qui en étaient responsables non seulement ne faisaient rien, mais cachaient tout ». Pendant des décennies . Parmi les crimes horribles commis par les prêtres catholiques :
- En Érié, un garçon de 7 ans a été abusé sexuellement par un prêtre qui lui a dit qu’il devait aller se confesser et confesser ses « péchés » à ce même prêtre.
- Dans le diocèse de Pittsburgh, « un réseau de prêtres prédateurs a partagé des informations concernant les victimes, et se sont échangé des victimes entre eux. Le réseau fabriquait de la pornographie enfantine et utilisait des fouets, de la violence et du sadisme pour violer les victimes ».
- Un prêtre a abusé de cinq sœurs de la même famille, dont une fille à partir de ses 18 mois.
- Un autre prêtre a été autorisé à rester dans le ministère après avoir engrossé une jeune fille et l’avoir fait avorter.
- Un prêtre a violé une fillette de 7 ans dans sa chambre d’hôpital après une amygdalectomie. Quelle a été sa punition ? La Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican a décidé, après avoir examiné son crime, qu’il devait rester prêtre et « vivre une vie de prière et de pénitence ».
Le rapport du grand jury de Pennsylvanie a conclu que la hiérarchie catholique « a protégé l’institution à tout prix et a maintenu des stratégies pour éviter le scandale ». Les prêtres qui ont eu des ennuis dans un diocèse ont été transférés dans un autre diocèse où d’autres enfants ont été maltraités. Le FBI a déterminé que les responsables de l’Église ont suivi un « manuel pour dissimuler la vérité », minimisant les abus en utilisant des mots comme « contact inapproprié » ou « problèmes de limites » au lieu de « viol ».
Je suis convaincu que si l’Église catholique avait des femmes prêtres, elle ne serait pas dans la crise qu’elle traverse aujourd’hui. Je suis également convaincu que si l’Église catholique ne démantèle pas son sacerdoce masculin corrompu et n’accueille pas les femmes comme des égales, elle continuera à dériver vers la non-pertinence.
Source : https://www.ncronline.org/news/opinion/ncr-today/all-male-priesthood-finds-itself-another-scandal