Par Cameron Doody
« L’Église traverse les temps et on doit sans cesse reconsidérer les dogmes ».
Ulrich Neymeyr, évêque d’Erfurt, s’est exprimé le 5 octobre lors d’une table ronde avec le ministre-président de Thuringe, Bodo Ramelow du parti de gauche Die Linke. Cette manifestation, organisée par la faculté de théologie catholique de l’université d’Erfurt et le Forum catholique de Thuringe, portait sur le thème : « ’La maison’ en plein bouleversement ».
Reliant cette idée de « maison » à l’Église, Neymeyr a censuré l’opinion de certains catholiques selon laquelle la foi serait « un système autonome, parfaitement équilibré, intemporellement vrai », et que ce système garantirait à l’Église et aux fidèles un cheminement en douceur à travers les aléas de l’histoire.
Neymeyr a observé que, compris de cette manière, le catholicisme prend l’apparence d’une « armure » qui peut protéger, mais aussi empêcher celui qui la porte de se déplacer librement. « De mon point de vue, le catholicisme est plutôt une épine dorsale, qui m’aide à me tenir debout, mais qui permet aussi le changement et la flexibilité », a expliqué l’évêque.
Il a contesté le point de vue selon lequel dans l’Église catholique tout resterait toujours à l’identique, soulignant qu’au cours de l’histoire, l’institution a subi un certain nombre de changements, notamment en termes de doctrine.
« L’Église catholique traverse les temps et ses dogmes doivent être reconsidérés encore et encore, ce qu’ils signifient pour telle époque avec telle terminologie et tel langage – il y a constamment une interprétation de ce qui a été donné à l’Église catholique en termes de son héritage religieux », a expliqué Neymeyr.
L’évêque a reconnu qu’il « peut comprendre que lorsqu’il y a des changements, certaines personnes craignent d’être dépossédées de leur foi native ». Il a toutefois encouragé ces catholiques craintifs à examiner de plus près les possibilités de réforme.
Tout en insistant sur le fait que l’essence de la foi est « naturellement inébranlable », il a ajouté que les croyants doivent voir que l’Église a toujours changé au fil du temps, parce qu’elle vit dans des temps qui changent.
« Si vous voulez préserver un foyer religieux et spirituel, vous devez le changer. Sinon, il finira par s’effondrer », a souligné l’évêque.
Une mise en garde contre l’« obsession » nationaliste : « Nous, les chrétiens, avons une vision différente de la maison. Notre foyer est au ciel ».
Outre l’idée de « maison » au sens religieux, Mgr Neymeyr a également évoqué lundi soir ce concept au sens politique, et a mis en garde contre le fait que l’amour de son pays puisse se transformer en une « obsession » excessive.
Soulignant que la fierté de sa propre patrie est souvent exprimée avant tout par des personnes « qui n’ont pas fait grand chose pour leur patrie – sauf en êtret issues », Mgr Neymeyr a encouragé ses auditeurs à se méfier même de ce terme – « patrie » – car il porte en lui des connotations de délimitation et d’exclusion, sans parler des concitoyens qui mettent trop l’accent sur cette idée.
L’évêque a encouragé les catholiques, en particulier, à être particulièrement attentifs aux idées faciles de « maison » et de « patrie », car les chrétiens devraient avoir une compréhension de ces termes qui transcende le politique et le nationalisme.
« Si nous suivons l’apôtre Paul, nous, les chrétiens, avons une vision différente de la maison. Notre maison est au ciel », a rappelé Neymeyr aux croyants.
Source : https://novenanews.com/german-bishop-criticises-reform-phobic-catholics/