Par Michel Deheunynck

De même que la démocratie ouvre aux citoyens un esprit critique face aux institutions de la République, la laïcité ouvre aux croyants un esprit critique face à leurs institutions cultuelles.
Cela suppose de désacraliser le religieux en rappelant :
– aux croyants, que le « sacré » est une notion païenne qui n’est pas digne de leur Dieu ;
– à tous, qu’un moyen, n’étant pas une fin en soi, n’a jamais vocation à être sacralisé.
De même que l’argent, moyen d’échange et de partage, ayant été sacralisé par l’économie capitaliste, a déchiré socialement la société qu’il était censé servir par l’égalité, de même les religions, ayant été sacralisées par leurs traditions, déchirent culturellement l’humanité à qui elles étaient censées apporter un sens spirituel à la vie sécularisée, par la fraternité.
Ainsi, un esprit religieusement critique devrait permettre aux croyants de vivre leur foi dans la liberté de leurs consciences et d’en témoigner plus authentiquement au cœur des réalités vécues, hors de tout endoctrinement dogmatique, de tout formalisme cultuel et de tout formatage institué.
Ce déconfinement émancipateur pourrait révéler l’image d’un Dieu lui-même libéré de toute idolâtrie, soucieux d’un monde heureux de ses sensibilités diverses, un Dieu plein d’humour, jusqu’à rire de bon cœur des caricatures qui sont faites de lui, les reconnaissant comme un acte de foi en humanité, acte de foi qui est aussi le sien.
L’esprit critique est le meilleur carburant de notre vie sociale, culturelle, spirituelle…
Merci à l’école d’apprendre à chacune et chacun à s’approprier sa propre pensée, une pensée vivante qui se cherchera, qui s’éclairera, qui se rapprochera de celles des autres ou se confrontera à elles pour dynamiser le vivre ensemble, qui se reformulera de contexte en contexte et qui évoluera d’âge en âge, de génération en génération, pour faire l’histoire.