Une pétition réclame la nomination d’évêques plus ouverts en France
Par Bernadette Sauvaget
Plus de 400 catholiques français se mobilisent pour que le pape François apporte des changements au sein de l’épiscopat.
L’initiative demeure relativement discrète. Pourtant, plus de 400 catholiques français ont d’ores et déjà signé une pétition pour réclamer des changements dans le choix des évêques nommés à la tête des diocèses de l’Hexagone. «Nous demandons que la communauté des croyants soit respectée lors de la désignation des évêques», plaide, dans sa pétition, ce groupe informel.
Le déclic s’est produit il y a deux mois lorsque le Vatican a officiellement annoncé la nomination d’Olivier de Germay, au profil ultraconservateur pour succéder à Philippe Barbarin, à la tête du diocèse de Lyon. «Il y a une sorte de dichotomie que nous n’arrivons plus à comprendre, explique l’initiateur de la pétition qui souhaite demeurer anonyme. Le pape François nous donne de l’espoir et fait souffler un vent frais. Mais, en France, ce sont des personnalités qui n’ont pas les mêmes priorités qui sont nommées aux postes les plus prestigieux.»
Ce groupe de contestataires pointe spécifiquement du doigt l’archevêque de Paris, Michel Aupetit, et le nouveau primat des Gaules, Olivier de Germay, qui prend officiellement ses foncions samedi à la tête du diocèse de Lyon. «Cette nomination a été le fait d’actions de lobbying à Rome», estime, pour sa part, Paule Zellitch, la présidente de la Conférence catholique des baptisé·e·s francophones (CCBF), une association qui regroupe des croyants d’ouverture.
Pour beaucoup d’observateurs, ce sont essentiellement les milieux les plus conservateurs qui sont actifs au Vatican. Dans les franges des catholiques d’ouverture, il y a un regret de plus en plus manifeste sur le peu d’intérêt que le pape François manifesterait à l’égard de la France.
Appel au pape
À la mi-octobre, le choix d’Olivier de Germay a suscité une grande surprise et déçu les progressistes du catholicisme français qui attendaient un rééquilibrage politique au sein de l’épiscopat, de plus en plus marqué par des figures conservatrices. « Nous faisons appel au pape François pour qu’il se penche sur la situation de notre Église en France et s’implique personnellement dans les nominations de nos évêques comme il le fait ailleurs, avec beaucoup de bon sens et de justesse, alliant à la fois l’écoute du peuple de Dieu », demande la pétition.
C’est à partir d’échanges sur un groupe Facebook, Catholiques en liberté , ouvert en novembre 2018 que la pétition a pris corps. «Nous en avons discuté entre nous et cela nous paraissait important de nous exprimer», explique l’initiateur de l’opération. Lui-même est un croyant très investi dans l’Église catholique, mais qui, pour des raisons familiales et professionnelles ne souhaite pas s’exposer davantage.
Contexte morose
Manifestement, cela a limité quelque peu l’audience de cette pétition. «Cela me paraît très important que des laïcs se saisissent de ce problème», souligne, pour sa part, la théologienne Anne Soupa. Cet appel survient dans un contexte très morose pour l’Église catholique en France. De nombreux laïcs, y compris dans des milieux conservateurs, mettent de plus en plus fréquemment en cause le management des prêtres et des évêques.
La bataille de la messe, menée essentiellement par des milieux traditionalistes, a laissé, elle aussi, des traces. «Cette affaire a été très clivante pour le catholicisme français», estime Anne Soupa. Le confinement a, quant à lui, lourdement grevé les finances de l’Église catholique. Elle a perdu, selon ses propres chiffres, plus de 90 millions d’euros au cours de l’année 2020.
Source : https://www.liberation.fr/france/2020/12/17/une-petition-reclame-la-nomination-d-eveques-plus-ouverts-en-france_1808934
Illustration : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:%C3%89v%C3%AAque_d%27Ajaccio_2020.jpg
Voir aussi :
Nouvel archevêque de Lyon : la revue « Golias » regrette le conservatisme des nominations