Les violences israéliennes contre les Palestiniens dénoncées par l’ONG B’Tselem
27 Palestiniens ont été tués par les forces de l’occupation israéliennes en Cisjordanie et à Gaza, l’année dernière. C’est ce que pointe l’ONG israélienne B’Tselem dans son rapport 2020 sur les exactions de l’État hébreu [1]. L’Organisation de défense des droits de l’homme note également une augmentation inquiétante des démolitions de maisons palestiniennes.
Dire non à l’apartheid
Par Hagai El-Ad (Directeur exécutif)
Nous pouvons continuer à prétendre qu’il n’y a aucun lien entre la destruction d’Um al-Hiran dans le désert du Néguev pour faire place à la communauté juive d’Hiran et la destruction – de l’autre côté de la ligne verte – de Susiya, le village palestinien dans les collines du sud d’Hébron, pour le bien de Susiya, la colonie juive. Nous pouvons continuer à prétendre que nous ne comprenons pas le sens profond d’un ordre militaire décrétant que tout juif, où qu’il soit dans le monde, peut entrer dans la « seam-zone » (zone située entre le mur et la ligne verte) quand il le souhaite, mais que les sujets palestiniens doivent obtenir un permis pour le faire. Nous pouvons continuer à prétendre que 75 % des électeurs de Karnei Shomron se présentant aux élections de la 23e Knesset étaient une victoire de la démocratie alors qu’à Naplouse – à quelques kilomètres à l’est – il n’y a pas d’électeurs. Nous pouvons continuer à agir comme si le régime de Cisjordanie, en place depuis plus d’un demi-siècle, était le résultat d’une sorte de coup d’État militaire organisé par le Commandement central qui gouverne la région en toute indépendance de la politique du gouvernement israélien – de tous les gouvernements. On peut faire croire que c’est concevable – même démocratique ! – que la moitié des personnes vivant entre le Jourdain et la Méditerranée sont juives et l’autre moitié palestiniennes, mais que cet équilibre démographique est la seule chose qui soit égale dans ce qui est vécu ici.
Et nous pouvons aussi, tout simplement, arrêter.
Aujourd’hui, B’Tselem publie sa prise de position : Un régime de suprématie juive, du Jourdain à la Méditerranée : C’est l’apartheid. C’est la première fois en plus de trente ans d’histoire de B’Tselem, depuis sa fondation en 1989 lors de la première intifada, que nous publions une analyse traitant de la réalité dans toute la zone contrôlée par Israël plutôt que dans les seuls territoires occupés.
Nous ne le faisons pas de manière hâtive ou superficielle, mais à la suite d’une analyse approfondie des faits. Des faits qui montrent que le concept d’Israël en tant que démocratie (à l’intérieur de la ligne verte), avec une occupation militaire temporaire à côté (au-delà de la ligne verte), est clairement coupé de la réalité. Pire encore, ce cadrage normalise le mensonge selon lequel il s’agit de deux régimes distincts plutôt que d’un seul. Il repousse à jamais le moment du jugement, où nous devons faire face aux faits et admettre que le temporaire est devenu permanent, dans un avenir qui ne viendra jamais.
Ce moment est arrivé.
Vous êtes invités à lire le document de synthèse dans son intégralité, pour voir comment, malgré les différences de statut des Palestiniens dans chacune des unités géographiques contrôlées par Israël, telles qu’elles sont décrites dans le document, le régime israélien applique le même principe d’organisation dans toute la zone – en promouvant et en perpétuant la suprématie d’un groupe, les Juifs, sur un autre, les Palestiniens. Le document de synthèse explique également pourquoi nous sommes arrivés à cette conclusion à ce moment précis et ce que cela a à voir avec la Loi fondamentale de l’État-nation de 2018 et les déclarations de 2020 concernant l’annexion d’autres parties de la Cisjordanie au-delà de Jérusalem-Est.
En même temps que nous publions le document de synthèse, nous lançons également une vaste campagne publique, qui comprend une version interactive des points clés du document. Nous vous serions reconnaissants d’y jeter un coup d’œil, de les partager et de les transmettre à d’autres afin de nous aider à remodeler le discours public sur cette question.
L’apartheid n’est pas gravé dans le marbre : C’est un régime créé par les gens, et les gens peuvent le changer aussi. Il est cependant difficile – impossible – de changer la réalité si l’on s’abstient d’appeler les choses par leur nom. L’apartheid. Le regard sobre, précis et juste sur cette réalité est un moment d’espoir, un appel au changement vers un avenir de justice, d’égalité et de droits – un avenir qui viendra.
Note :
[1] https://www.btselem.org/publications/fulltext/202101_this_is_apartheid