Si c’était ton enfant
Par Sergio Guttilla
Si c’était ton enfant
tu emplirais la mer de bateaux
de tous pavillons.
Tu aimerais que tous ensemble,
par millions,
ils composent un pont
pour le faire passer.
Plein d’attention,
jamais tu ne le laisserais seul.
Tu ferais de l’ombre
de peur que ses yeux ne se brûlent,
tu le couvrirais
de crainte qu’il ne se mouille
ou que l’eau salée ne l’éclabousse.
Si c’était ton enfant, tu te jetterais à l’eau,
tu tuerais le pêcheur qui ne prêterait pas son bateau,
tu appellerais à l’aide à grands cris
aux portes des gouvernements qui se ferment
au nom de la vie.
Si c’était ton enfant, tu les qualifierais
de cruels, inhumains, car ils le sont.
Ils seraient obligés de t’arrêter, de te garder, de t’écrouer,
tu voudrais leur casser la figure,
les noyer tous autant qu’ils sont dans la mer.
Mais ne t’inquiète pas dans le confort de ton foyer.
Ce n’est pas ton enfant. Ce n’est pas ton enfant.
Tu peux dormir tranquille
et surtout peinard.
Ce n’est pas ton enfant.
C’est seulement un enfant de l’Humanité perdue,
de l’Humanité crasseuse qui ne fait même pas de bruit.
Ce n’est pas ton enfant. Ce n’est pas ton enfant.
Dors tranquille, par conséquent.
Ce n’est pas le tien.
Source : https://josearregi.com/fr/si-cetait-ton-enfant/
Traduit de l’espagnol par Peio Ospital
Texte original et illustration : https://pietrevive.blogspot.com/2018/07/se-fosse-tuo-figlio-versi-di-sergio.html
“Que Dieu rende vigilants
Ceux qui chantent le Seigneur :
Qu’ils ne soient en même temps
Les complices du malheur
Où leurs frères sont tenus !”
(D. Hameline – Fleurus)