Par Sylvie Kempgens
(célébration en ligne du 12 juin 2021)
1- Aujourd’hui, le Royaume de Dieu ce sont ces lieux, tels le Poverello, les Resto du cœur, les 500 repas distribués chaque vendredi aux migrants du parc Maximilien par une grande équipe de bénévoles de la paroisse Sainte-Suzanne à Schaerbeek, où les personnes peuvent se poser et partir vers d’autres horizons emportant des graines de paix et de justice qu’elles pourront à leur tour semer le long de leur chemin.
2- Le Royaume de Dieu est comme une table.
Quand des hommes, des femmes s’y asseyent avec toute leur bonne volonté pour réfléchir à la façon d’agir pour la dignité et les droits de plus faibles qu’eux, les idées vont fuser.
Les talents de chacun se conjuguent et font jaillir des pistes d’actions, des projets, des solutions au bénéfice de tous.
D’âges différents, de convictions diverses, peut-être même opposées, le souci commun qu’ils partagent les rend solidaires, inventifs et agissants.
Leur énergie se démultiplie. Cette table devient laboratoire d’inventivité et d’échanges pour construire plus de justice.
3- Que représente le règne de Dieu ?
Une relation de confiance symbolisée par cette photo d’un enfant qui apprend à rouler à vélo avec l’aide d’un parent. La présence bienveillante d’un parent permet à l’enfant de se sentir soutenu et d’oser essayer d’avancer. La joie des progrès réalisés, si petits soient-ils, donne confiance dans la poursuite des efforts.
Le parent quant à lui, fier et émerveillé, continue à soutenir et à encourager son enfant. Tout est possible.
Il y a des chutes, des hésitations, des prises de risque, des refus, des pleurs, mais les encouragements et la bienveillance qui accompagnent son apprentissage du vélo permettent à l’enfant de se relever et d’essayer à nouveau. Il réussira plus ou moins bien, mais peu importe, il va de l’avant et c’est ce qui compte.
Dans le futur, la confiance déjà ressentie au moment de l’apprentissage l’aidera, en cas de nouvelle chute, à oser se relever et à continuer d’avancer.
Un jour, il y aura des balades à vélo avec d’autres enfants, d’autres adultes.
Le cycle recommencera peut-être lorsque l’enfant devenu à son tour parent aidera son propre enfant. La transmission du règne de Dieu se mettra ainsi naturellement en place.
4- Le Royaume de Dieu est semblable à une graine qu’un moment d’amour a semée dans le corps d’une femme. Qu’elle dorme ou qu’elle veille, la nuit, le jour, la graine grandit et se développe sans qu’elle sache comment : d’elle-même elle devient embryon, puis fœtus que la femme peut sentir bouger et même voir, puis un bébé qui commence à prendre toute la place et finalement vient au jour, car est venu le moment de sa naissance. Le Royaume de Dieu est encore semblable à ce tout petit bébé qui vient de naître. C’est le plus vulnérable de tous les petits de la création. Voilà pourtant qu’il se lève, qu’il apprend à parler, qu’il va à l’école. Il va encore grandir, devenir une fille ou un garçon tel un grand arbre, plus grand que ses parents, tracer son chemin au point de devenir lui-même source de vie et de protection pour tous ceux qui l’entourent.
Jésus leur parlait ainsi, toujours par des comparaisons, laissant à chacun la capacité de les comprendre selon ce que leurs oreilles leur permettaient d’entendre (selon l’évangile de Marc, chapitre 4, versets 26 à 34).
5- Le Royaume de Dieu est semblable à un enfant qui très jeune s’essaie à pianoter.
Au début, apprendre des gammes n’est vraiment pas très emballant. Mais petit à petit, il se prend au jeu et ressent de plus en plus de joie à jouer du piano. C’est de fait un long chemin.
Il s’entraîne progressivement à comprendre ce qu’a voulu le compositeur. Il cherche à savoir qui il est vraiment et ce qu’il a voulu créer, inventer en réalisant ses sonates, ses symphonies.
Adolescent, notre jeune pianiste essaie d’entrer de plus en plus en profondeur dans le désir de l’auteur, de découvrir l’histoire qu’il veut exprimer. Il veut aussi faire partager cette musique qu’il aime, tout en respectant l’intention du compositeur, mais également en y mettant sa note personnelle, exprimant son intelligence, ses émotions, si bien que le public est conquis par ses belles prestations.
Le musicien est de plus en plus apprécié dans son pays et dans d’autres régions du monde et lui est très heureux de vivre sa passion du piano.
Réflexion : l’enfant avait sans doute un talent caché qu’il a pu développer par toutes les relations qui se sont tissées tout au long de son parcours avec ses parents, professeurs, autres élèves, mais lui aussi est entré dans un travail intérieur pour arriver à faire éclore ses ressources personnelles et les partager autour de lui.
6- Quand je regarde cette image où une abeille butine une fleur, je suis ébahi par la beauté de ce spectacle symbole de la Vie.
Voilà le ROYAUME DE DIEU.
Oui ? Car cette image cache un miracle.
Oui, la vie est un miracle. Un miracle qui s’est passé il y a des millions d’années où tout à coup un geste, un je ne sais quoi, inversa les lois de la physique.
À partir de l’eau, de l’air et de la lumière, la chaleur du Soleil, un simple germe de VIE – même resté inerte pendant des milliers d’années – crée des êtres de plus en plus complexes et incroyablement beaux.
Oui la vie est un miracle par tant de beauté pour les yeux, un miracle de beauté par les sons dont elle s’est entourée, un miracle de beauté par les senteurs qui nous enivrent…
Et tout ce miracle d’inventivité de création n’a qu’un DÉSIR, celui de vouloir exister. Ce désir le pousse à proliférer, à muter, à évoluer de façon que chacune de ces créatures s’échange, se combine avec d’autres pour en former de nouvelles plus complexes et plus fortes : l’herbe devient bœuf !
Mais le désir fondamental de se maintenir, d’exister comme espèce – tendu comme un arc – a comme prix la lutte inlassable contre ceux qui – pour faire de même – deviennent souvent des prédateurs, mais aussi parfois, des soutiens.
Et l’homme, point culminant de l’évolution de la vie, comme le désigne Pierre Teilhard de Chardin, super créateur et super inventeur est peut-être le seul à avoir compris ce qu’est la Vie, comme elle est belle et comme elle peut être vulnérable.
Dans sa soif d’assouvir ses désirs multiples et incontrôlés, sera-t-il le prédateur ultime ou le Sauveur suprême du ROYAUME de Dieu ?
7- Le Royaume est semblable à ce chandelier à sept branches.
Il adviendra lorsque toutes les bougies, correspondant à ce nombre sacré, seront allumées.
La première bougie est pour un monde débarrassé des armes nucléaires.
La deuxième pour une société qui aura éradiqué la pauvreté.
La troisième pour avoir atteint les objectifs de l’Accord de Paris face aux changements climatiques.
Les quatre autres bougies représentent le judaïsme, le christianisme, l’Islam et l’hindouisme, qui prieront enfin un même Dieu.
8- Le royaume de Dieu est unique et ouvert à tous !
Au Caire, je souhaite visiter une mosquée. Je comprends de l’attitude peu accueillante du gardien qu’il se dit « Encore une Européenne, chrétienne, sans doute ! » Il me dit « Votre Dieu et Notre Dieu ! » Je réponds « Un seul Dieu ». Il dit « Bienvenue en Égypte ! »
Source : Revue commune du Réseau PAVES n° 68 ; http://www.paves-reseau.be/revue.php?id=1854