Synode : le pape François veut que chaque catholique ait son mot à dire. Pourquoi les catholiques américains n’en ont-ils pas entendu parler ?
Par Phyllis Zagano
Le plan du pape François est que les catholiques ordinaires aient leur mot à dire. Cela commence par le prochain synode, qui s’ouvre à Rome le 9 octobre et dans tous les diocèses du monde le 17 octobre.
Le problème : personne ne semble être au courant. Le plus gros problème : les évêques américains ne semblent pas s’en soucier.
Le document s’intitule « Pour une Église synodale : Communion, participation et mission ». Si François souhaite vraiment que tous les catholiques prient et parlent des besoins de l’église d’aujourd’hui, son plan dépend de la participation des diocèses. Alors que les évêques américains fulminent pour savoir quel politicien catholique peut recevoir la communion, ils n’ont pas fait grand-chose pour planifier la discussion mondiale sur les besoins de l’Église. On leur a demandé de s’organiser en mai dernier. Ils ne l’ont pas fait.
Voici comment les choses sont censées se passer. En mai dernier, Rome a demandé à chaque évêque le nom de la personne qui gère le processus synodal de son diocèse. L’évêque doit ensuite ouvrir son synode local le 17 octobre, recueillir les contributions des paroisses et faire rapport à sa conférence épiscopale nationale.
Les conférences – en Amérique du Nord, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis et la Conférence des évêques catholiques du Canada – rassembleront ensuite les résultats pour les membres de la 16e assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, prévue en octobre 2023 à Rome.
Des personnes en Amérique centrale et du Sud, ainsi qu’en Australie, en Allemagne et en Irlande, ont sauté sur l’occasion [1]. Leurs réunions sont déjà en cours. Les évêques américains ont nommé un coordinateur national élégant et expérimenté, Richard Coll, mais les diocèses américains semblent en retard.
Si l’on en croit un échantillon des 10 diocèses de l’État de New York, les synodes diocésains connaîtront des débuts difficiles, même une fois qu’ils auront démarré. Alors que Rome a demandé à tous les diocèses de soumettre les noms de leurs coordinateurs synodaux en mai, peu d’entre eux, voire aucun, semblent avoir des projets.
Une semaine après avoir été interrogés, seuls trois des dix diocèses de New York avaient répondu. Deux ont envoyé les noms des coordinateurs diocésains, et un a déclaré qu’il était trop tôt pour donner des informations. (L’un des deux a proposé l’évêque et le coordinateur pour un appel téléphonique. Mais seulement un).
Pour être juste, le bureau du synode du Vatican a publié le manuel du synode, appelé vadémécum, et le document préparatoire du synode il y a seulement quelques semaines, le 7 septembre.
Mais la « synodalité » est dans l’air depuis des années et a pris de l’importance après le Concile Vatican II.
Rome a annoncé le thème du prochain synode en mars 2020, au moment où la pandémie de COVID-19 commençait. Le confinement a repoussé d’un an, à octobre 2023, le point culminant de la réunion de Rome, donnant ainsi aux évêques et aux conférences épiscopales intéressés plus de temps pour planifier.
Alors, que signifient toutes ces discussions (ou cette absence de discussions) ? La synodalité – le mot vient du grec et signifie « route commune » – est la façon dont François écoute la périphérie. François est connu pour avoir dit « la périphérie est le centre », et il veut que les évêques au sommet de la pyramide de l’église hiérarchique le reconnaissent. Il veut entendre les catholiques ordinaires, ainsi que leurs évêques.
François a déjà donné suite à quelques demandes de modifications du synode panaméricain de 2019 visant à élargir la participation. En janvier de cette année, il a modifié le droit canonique pour permettre aux femmes d’être installées comme lectrices (lecteurs pendant la messe) et acolytes (servants d’autel), des ministères laïcs requis avant l’ordination diaconale.
Le processus synodal, lorsqu’il est correctement mené, permet un discernement dans la prière et une compréhension des besoins futurs de l’Église.
Le processus lui-même est le début et la fin de la synodalité. Si tout le monde peut s’exprimer, non pas sur une doctrine définie, mais sur les questions relativement banales de savoir qui peut faire quoi (prêtres mariés, femmes diacres, direction des paroisses, contrôle des fonds et des propriétés), alors le processus aura atteint son objectif.
Quelles sont les chances de réussite ? Cela dépend si vous vous demandez « de qui ».
En ce qui concerne les évêques ancrés dans le cléricalisme, ils commenceront au mieux par faire semblant de s’intéresser à un processus profondément ancré dans l’Église. Ils sont susceptibles de sonder les suspects habituels, choisissant qui entendre et quoi rapporter. Leur « succès » sera le maintien du contrôle.
Le succès des évêques qui ne se concentrent pas sur le contrôle du pouvoir sera d’écouter et de rapporter honnêtement les besoins du peuple.
Ce qui parvient à Rome de la part des conférences nationales individuelles est essentiel, mais ce qui reste à voir, c’est comment la périphérie fait entendre sa voix. Le prochain synode pourrait dépendre davantage des médias sociaux et moins des évêques diocésains. Mais on ne sait jamais.
Note de la rédaction :
[1] Voir par exemple :https://nsae.fr/2021/09/14/un-synode-inclusif-conduit-par-des-laics/
https://nsae.fr/2021/09/09/des-femmes-catholiques-allemandes-demandent-au-pape-dofficialiser-le-droit-de-vote-des-femmes-lors-des-synodes-reponse-evasive-du-vatican/
https://nsae.fr/2021/07/23/le-chemin-se-fera-en-marchant/
https://nsae.fr/2021/06/15/lumiere-de-la-croix-du-sud/