Le pouvoir clérical est un obstacle à la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
Par l’équipe de chrétiens en classe ouvrière du secteur de Caen (ECCO)
Dans quelques jours Noël commémorera la naissance de Jésus qui fut un évènement insignifiant au premier siècle. Pourtant, elle fut riche de promesses. Sa vie est relatée dans les évangiles. Les choix que Jésus a faits en faveur de ceux qui étaient considérés comme des moins que rien sont toujours révolutionnaires et libérateurs pour tous.
Assez régulièrement nous essayons de dire ce regard évangélique que nous portons sur la vie quotidienne. Pour nous, en effet, c’est au cœur des réalités du monde que se vit le message de Jésus, et non pas seulement dans les pratiques cultuelles.
Nous déplorons que ces convictions toutes simples ne soient pas partagées par la grande majorité de la hiérarchie de l’Église vu le peu, pour ne pas dire l’absence d’intérêt qu’elle y porte. Le pouvoir clérical s’est enfermé depuis longtemps dans sa tour d’ivoire et a tout fait pour se protéger.
C’est exactement la même attitude qui est décrite dans l’avant-propos du rapport Sauvé sur les crimes sexuels : « Face à ce fléau, l’Église catholique a très longtemps entendu d’abord se protéger en tant qu’institution et elle a manifesté une indifférence complète et même cruelle à l’égard des personnes ayant subi des agressions ».
Grâce à ces révélations, nous apprenons que ce système clérical est capable de la pire des choses, à savoir couvrir des crimes pour protéger l’institution, comme l’admet si justement le président de la conférence des évêques en clôture de l’assemblée à Lourdes : « Nous sommes donc obligés de constater que notre Église est un lieu de crimes graves, d’atteintes redoutables à la vie et à l’intégrité d’enfants et d’adultes ».
Nous nous situons du côté des victimes et les assurons de notre soutien, mais quelques jours après les annonces du rapport Sauvé nous tenions à pointer avec force la cause profonde de ces crimes, à savoir le système clérical.
Toutes les recommandations du rapport sont importantes, mais pour nous il y en a une essentielle, qui doit amener à des transformations profondes, c’est la recommandation 24 : « Reconnaître la responsabilité systémique de l’Église. À ce titre, examiner les facteurs qui ont contribué à sa défaillance institutionnelle. Reconnaître que le rôle social et spirituel de l’Église fait peser sur elle une responsabilité particulière au sein de la société dont elle est partie prenante ».
Nous partageons ces propos du théologien Dominique Collin : « C’est jusqu’à l’existence d’un “clergé” muni de “pouvoirs sacrés” qu’il faut avoir le courage d’abandonner ». (Golias Hebdo n° 692)
L’Évangile n’est pas la propriété de l’institution Église catholique. Pourtant, si le pouvoir clérical demeure, il restera un obstacle à la réception de cette Bonne Nouvelle.
Chrétiens en classe ouvrière, nous continuerons à combattre ce système clérical et monarchique. L’avenir devra passer par la reconnaissance de petits groupes de chrétiens, femmes et hommes en responsabilité, pour construire une communauté témoin du message libérateur de l’Évangile.
Caen, le 8 décembre 2021
Michel Carabeux, Marie-Thérèse Colin, Colette Fourdeux, Michel Gigand, Simone Laurenceau, Michel Leconte, Pierre Leduc, Jean-Marie Peynard, José Reis, Claude Simon, Bernadette Theault.