L’arme de la colombe
Par le pasteur Luc Wenger [1]
C’est une actualité anxiogène et pessimiste que nous vivons ces derniers temps. Des scènes de guerre que nous pensions reléguées aux livres d’Histoire nous arrivent jour après jour au milieu de notre salon suscitant émotion, incompréhension, stupeur. De quoi faire pleurer à chaudes larmes la colombe de la paix.
Ce qui n’a pas empêché mes concitoyens de parler de liberté retrouvée et de crier victoire lundi lors de la chute du masque. L’ambivalence humaine n’a pas finie de m’étonner. Se dépêcher de vider les rayons de pâtes et de riz, s’offusquer du prix de l’essence et en même temps se montrer capable d’élans de générosité envers les réfugiés ukrainiens.
C’est toute cette ambivalence qui fait la grandeur et la faiblesse de l’Homme. Mais pourquoi faut-il en arriver à des situations extrêmes pour se souvenir que partage, accueil, justice ne sont pas que des mots du dictionnaire, mais des réalités vitales pour notre survie et que la main tendue, le sourire et le don ne sont peut-être pas côtés en bouse mais rapportent les plus gros dividendes ; ceux d’une vie apaisée en soi et envers les autres.
Je ne suis ni géopoliticien, ni homme politique, mais petit homme qui mesure la faiblesse de ses moyens, ce qui ne m’empêche pas comme Martin Luther King d’avoir un rêve. Le rêve de voir mon humanité et celle dans laquelle je vis au quotidien se connecter enfin sur cette parole du Maitre de Nazareth qui nous invite hier comme aujourd’hui à la règle d’or qui me dit « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ».
Et ceci ne peut se faire ni à coup de canons ou de slogans de campagne électorale, mais dans une humilité acceptant de tailler sa pierre brute avec pour seuls outils la patience, l’espérance et la confiance que la colombe va revenir avec un brin d’olivier dans son bec.
Certes ce n’est pas pour demain, peut-être même pas pour après-demain ; mais le monde est notre temple et chaque geste de paix que je pose là où je suis, en famille ou au travail, chaque parole d’apaisement et de paix que je prononce, chaque sourire que je fais, chaque partage que j’ose, si minime soit-il ne reste pas sans effets.
Je vous invite à découvrir ou réentendre la chanson de Georges Moustaki « Et pourtant dans le monde » (Album Ballades en Ballade)
« Tu me diras que j’ai tort de parler de l’amour comme s’il existait Qu’il ne s’agit que d’un mirage d’une illusion qui n’est plus de mon âge. Et pourtant dans le monde d’autre voix me réponde »
Tu me diras que ce ne sont que quelques paroles écrites dans la rubrique Regard Chrétien des Dernières Nouvelles d’Alsace, mais tu les as lues… et c’est déjà le début d’un possible, c’est l’arme de la colombe.
Note :
[1] texte paru dans Les Dernières Nouvelles d’AlsaceSource : http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-libres-opinions/gl1618.htm