Le texte d’accompagnement de la synthèse synodale pour la France voté par l’Assemblée plénière des évêques à Lyon
Mercredi 15 juin, après deux jours de débat avec leurs invités, les évêques de France réunis en Assemblée plénière à Lyon ont voté le texte destiné à accompagner la synthèse des contributions diocésaines [1] qu’ils transmettront à Rome, mettant fin ainsi à la phase nationale du Synode.
« À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13, 35)
Nous, les évêques de France, rendons grâce pour la joie et l’élan suscités par la phase diocésaine de l’itinéraire synodal voulu par le pape François. Nous remercions celles et ceux qui y ont participé.
Avec l’aide des invités de nos diocèses réunis à Lyon, nous accueillons avec gratitude la collecte nationale qui s’en fait l’écho et nous cherchons à discerner l’œuvre de l’Esprit-Saint. Nous n’ignorons pas les manques, les combats, les blessures qui se révèlent dans le chemin synodal et nous sommes conscients que le processus synodal n’a pas atteint tout le peuple de Dieu dans sa diversité, en particulier les jeunes générations. En tout cela, nous voulons dire notre confiance en la miséricorde de Dieu et notre espérance pour la fécondité de ce travail.
Perspectives
Nous entendons les attentes fortes qui se sont exprimées. Elles nous indiquent des axes de travail prioritaires :
- Mieux articuler la dimension humaine de l’Église, très présente dans la collecte, avec sa nature sacramentelle ;
- Se saisir de ce que la collecte nous dit de la souffrance et des attentes des femmes dans l’Église alors qu’elles sont nombreuses dans les instances ecclésiales ;
- Écouter l’inquiétude exprimée pour les prêtres et les conditions d’exercice de leur ministère ;
- Comprendre l’apparent décalage entre ce qu’est le ministère des prêtres et ce qui est attendu concrètement d’eux ;
- Mieux identifier les raisons pour lesquelles la liturgie demeure un lieu de tensions récurrentes et contradictoires.
Espérances
L’itinéraire synodal évoque et suscite de multiples espérances :
- Qu’un grand nombre puisse faire l’expérience de l’écoute de la Parole de Dieu comme créatrice de « fraternités » dans le Christ pour un nouvel élan missionnaire ;
- Que la synodalité devienne le style ordinaire de la vie de l’Église ;
- Que nos communautés apprennent à marcher au pas des plus petits et des plus pauvres et que leur participation devienne le sceau de la fraternité ;
- Que la diversité ou la complémentarité des missions, des charismes et des dons dans l’Église soit plutôt source de joie que de concurrence ;
- Que soit mieux reconnue et vécue la complémentarité des états de vie : les ministres ordonnés, les personnes mariées, les veuves et les veufs, les célibataires et les consacrés.
Absences
À ce stade, nous sommes conscients de l’absence de certains sujets : l’un des trois termes centraux du synode, la mission, est peu présent. La vocation de l’Église est missionnaire, toute entière tournée vers l’annonce de la Bonne Nouvelle. Elle est l’Église du Christ Sauveur et Seigneur qui nous appelle, nous unit à lui et nous envoie dans le monde.
Nous avons à entendre d’autres appels, moins exprimés ou rapportés, cependant urgents, où les chrétiens ont un témoignage à donner : les grands enjeux de la société, les divers modèles anthropologiques proposés, l’écologie intégrale, la solidarité internationale.
Nous avons aussi à nous demander pourquoi certaines richesses spirituelles chrétiennes sont soit ignorées soit dévalorisées, par exemple l’eucharistie en tant que sacrifice de Jésus, les sacrements, la vie consacrée, le célibat des prêtres, le diaconat.
Nous constatons également que la famille comme lieu d’apprentissage de la fraternité n’est pas évoquée.
Apprentissages
Le beau travail de connaissance mutuelle de mouvements et d’associations de fidèles, qui ont appris à s’estimer comme disciples du Christ, nous encourage.
Nous percevons un signe d’espérance dans la capacité du peuple de Dieu à entrer en dialogue constructif et sans complaisance sur des sujets difficiles.
Nous avons à préciser ce que doivent être pour nos Églises particulières les ministères de laïcs – ministères reconnus et ministères institués.
Nous avons appris que l’un des défis de la synodalité est de faire se rencontrer des réalités ecclésiales qui se croisent peu. Le dialogue entre générations, entre personnes d’états de vie différents, entre sensibilités, ne va pas de soi, mais il est possible avec de l’engagement, de la volonté, et du temps.
Sur le chemin synodal, le peuple de Dieu se met à l’écoute de l’Esprit-Saint, échange, place la Parole de Dieu au centre, et en reçoit de la joie. Il apprend à passer du seul souci de la recherche de résultats, à une expérience réellement fraternelle, féconde et joyeuse.
En conclusion
Les désirs, les rêves, les regrets, les reproches que nous avons entendus sont nourris de la volonté d’être une Église plus fidèle à son Seigneur et servant mieux les femmes et les hommes auxquels elle est envoyée. Nous désirons poursuivre ce chemin de conversion communautaire et personnelle.
Une telle expérience dissipe les peurs qui éloignent des autres et freinent le travail d’écoute et de prise en compte des paroles et des vies. Elle est source de joie : des chemins se sont ouverts en nos cœurs (cf. Ps 83, 6).
Note :
[1] Voir https://nsae.fr/2022/06/17/la-synthese-nationale-des-contributions-des-fideles-de-france-a-la-consultation-du-synode-de-leglise-catholique/Source :