Le rapport synodal du Luxembourg appelle au changement sur l’homosexualité et le célibat des prêtres
Par Luke Coppen
Les participants à la phase diocésaine du synode sur la synodalité au Luxembourg ont appelé à un changement de l’enseignement de l’Église sur l’homosexualité et à l’abolition du célibat sacerdotal obligatoire.
Leur appel a été cité dans un rapport de 16 pages faisant suite à un processus de consultation auquel ont participé 4 590 catholiques de l’archidiocèse de Luxembourg, qui est dirigé par le cardinal Jean-Claude Hollerich.
Le cardinal jésuite aura un rôle majeur dans le rassemblement des évêques du monde à Rome, à la fin du processus synodal de deux ans, en octobre 2023. Hollerich sera le rapporteur général de l’assemblée des évêques sur le thème « Pour une Église synodale : Communion, participation, mission ».
Le document synodal de l’archidiocèse de Luxembourg, publié en français le 5 juillet, dit : « L’Église a besoin de changer de regard sur l’homosexualité, de s’ouvrir au mariage pour tous et d’abolir l’obligation du célibat pour les prêtres. »
Le cardinal Hollerich a déclaré plus tôt cette année qu’il pensait que le « fondement sociologique-scientifique » de l’enseignement de l’Église sur l’homosexualité n’était « plus correct. »
Le rapport synodal, « Sur la voie d’une Église vivante du peuple de Dieu au Luxembourg », rassemble les réponses des individus et des groupes à un questionnaire sur les thèmes du processus synodal.
Il les considère sous les rubriques « Communion », « Participation » et « Mission ». Sous chaque rubrique, on trouve une réflexion sur ce qui peut changer au niveau diocésain et ce qui doit être discuté plus avant par l’Église universelle.
Sous le titre « Communion », le texte indique que l’archidiocèse a besoin d’une « vision claire » pour l’avenir et de « développer un véritable projet pastoral construit de manière synodale. » Il appelle à la création d’un « bureau indépendant » au niveau universel pour analyser les problèmes de l’Église.
« Il est nécessaire de moderniser les règles et les points de vue de l’Église », indique le document. « Pour être crédible, l’Église doit reconnaître ses erreurs et se remettre en question ».
Après avoir cité l’appel au changement sur l’homosexualité et le célibat des prêtres, le rapport affirme que « d’une part, les femmes prennent “une place centrale dans la vie de l’Église”, elles y participent en grand nombre, mais d’autre part, elles sont “mises à l’écart au niveau des institutions.”
« Le service de la prédication doit être ouvert aux laïcs (femmes/hommes) », est-il précisé.
Sous le titre « Participation », le rapport demande que le principe de subsidiarité soit appliqué au niveau local, avec davantage de possibilités de « prise de décision conjointe. » Il indique que les laïcs devraient pouvoir exprimer leurs souhaits « concernant les nominations de prêtres et de professionnels laïcs, ainsi que de l’évêque. » Il ajoute que les paroisses souhaitent que l’Église universelle « réforme les structures afin d’intégrer les femmes en leur donnant des responsabilités, abolisse le célibat obligatoire [et] réforme la morale sexuelle pour ouvrir des voies de participation. »
Sous la rubrique « Mission », le texte dit que l’Église locale « doit être une Église accueillante, capable d’empathie, avant tout envers les plus faibles et les plus fragiles », et valoriser les diverses cultures et langues « qui sont des richesses spécifiques au Luxembourg. » Au niveau universel, il appelle à une intensification des efforts pour lutter contre les abus. Le document invite également l’Église « à revoir son enseignement, son droit interne, ses rituels, et même les sacrements : viser à construire un pont entre le message évangélique qu’elle doit proclamer et la vie concrète des gens. »
Le rapport, préparé par une équipe de deux personnes qui ont analysé les soumissions locales, note qu’« un très petit nombre de personnes se sont prononcées contre l’acceptation des divorcés remariés, la valorisation des femmes dans l’Église, l’acceptation de l’homosexualité et l’abolition du célibat obligatoire des prêtres. »
Le rapport décrit les 4 590 personnes qui ont participé comme « un nombre considérable ». On estime à 439 000 le nombre de catholiques au Luxembourg, ce qui couvre l’ensemble du petit pays limitrophe de la Belgique, de l’Allemagne et de la France. Cela suggère qu’environ 1 % des catholiques baptisés du Luxembourg ont pris part au processus.
Selon les médias allemands, le cardinal Hollerich a déclaré lundi qu’il espérait consulter les comités de l’Église au cours de l’été concernant les changements qui pourraient déjà être mis en œuvre au niveau local avant la réunion des évêques à Rome.
L’archevêque de Luxembourg aurait refusé de commenter l’avertissement lancé par le Vatican la semaine dernière, selon lequel le « chemin synodal » allemande constituait une menace potentielle pour l’unité de l’Église.
Mais il a noté qu’il était « positif » que « les conclusions du chemin synodal en Allemagne soient portées au synode mondial ».
Le cardinal Hollerich a déjà exprimé son « grand respect » pour l’initiative allemande controversée, affirmant que les participants ont osé « poser de très grandes questions. »
Le groupe de médias luxembourgeois RTL a cité le cardinal qui a déclaré le 25 juillet que les catholiques qui s’attendaient à ce que la structure de l’Église soit « complètement changée » seraient déçus.
Il a déclaré : « Nous sommes dans un énorme changement de civilisation. Et toute notre théologie, tout ce qui nous est cher et sacré, dans le christianisme et dans l’Église catholique, s’accroche à une civilisation qui est sur le point de disparaître. »
« Les gens ne comprennent plus ce que nous disons ou ce qui est dit lors des conférences théologiques. Il y a beaucoup de choses qui doivent être changées. »