Par Didier Vanhoutte, au nom de tous les amis que Jacques avait dans nos réseaux.
D’abord son amitié et sa gentillesse sans faille nous ont profondément marqués. Elles trouvaient leur source, et cela doit être dit de la façon la plus nette, dans une confiance inébranlable dans la personne et l’enseignement de Jésus le Nazaréen. Il était le phare de sa vie. Même s’il ne le proclamait pas, tant sa modestie était immense, il y avait là une sorte d’évidence.
C’est cette foi qui l’avait conduit à souhaiter ardemment que le message de Jésus soit débarrassé de ce qui, dans le fonctionnement de l’Église catholique, l’occulte au regard de la collectivité humaine que nous habitons tous. Le message de liberté et de respect mutuel, à l’image de la relation que Jésus cultivait avec les femmes et les hommes de son temps, lui paraissait certainement essentiel. C’est cet engagement personnel qui l’a amené à donner beaucoup de sa vie à la défense et à la promotion de la laïcité. Il y avait là tout le contraire d’une fermeture ou d’une exclusion, à savoir un accueil sans interdit de l’autre garanti par une totale et nécessaire liberté de conscience.
En 1983, le CEDEC était créé à Tours, diocèse dont l’archevêque était Jean Honoré, à l’époque président de la Commission épiscopale auprès du monde scolaire et universitaire. C’était loin d’être un hasard, on le devine. L’archevêque devait l’année suivante être le grand artisan de la manifestation monstre organisée à Paris pour la défense de l’école catholique. C’est à cette occasion, en 1984 donc, que le CEDEC fut invité à Chartres par Jacques. Notre entente fut totale, et il adhéra immédiatement au CEDEC, organisant très vite une petite équipe locale d’autres membres de l’association.
Les membres du CEDEC savaient pertinemment que leur engagement remettait en question les fondements d’une vie ecclésiale établie sur une grande hiérarchisation de son fonctionnement, ainsi que sur des rapports « en surplomb » qu’elle ne pouvait s’empêcher d’entretenir avec l’ensemble de la société. S’opposer au caractère incontournable d’une école catholique revenait in fine à vouloir remettre en question l’ensemble de cette situation. Jacques fut toujours totalement engagé dans cette démarche du CEDEC.
Il devenait clair que le CEDEC tout seul ne pourrait rien changer. Il importait de s’engager aux côtés d’autres chrétiens progressistes pour tenter de faire évoluer les choses. C’est ce qui commença à se faire dès 1985 à la suite de « l’Appel de Montpellier », diffusé par Témoignage Chrétien et armé de 10 000 signatures. Premier contact avec Temps Présent et Jacques Chatagner à Paris, avec lequel sera créé DLE, Droits et Libertés dans les Églises. Cette association fera un travail considérable, qui conduira, à la suite d’une « Requête » signée par plus d’un million d’Allemands et d’Autrichiens, à participer à la création de la branche française de ce mouvement en 1996 sous le nom de NSAE (Nous Sommes Aussi l’Église). Jacques soutint non seulement l’engagement du CEDEC au sein de cette évolution collective, mais il devint membre individuel de NSAE, et ne manqua jamais de soutenir les nombreuses actions de cette nouvelle importante association.
En 1998-99, le CEDEC, DLE, NSAE, et une dizaine d’autres associations créaient une fédération, Réseaux du Parvis (création officielle en février 1999). La fédération comptait quelques années plus tard une cinquantaine d’associations. Jacques soutint cette création avec ardeur, et fut particulièrement enthousiaste lorsque peu de temps après, en 2003 précisément et à la suite d’un colloque, se créait au sein de la fédération, suscité par quelques associations (dont le CEDEC, DLE et NSAE), un regroupement sur le thème de la laïcité, L’Observatoire Chrétien de la Laïcité. Inutile de dire que Jacques y fut extrêmement actif.
Jacques donna toujours la preuve d’une fidélité active dans toutes les organisations de cette mouvance. Il n’était pas avare de sa présence, ni de textes mûrement réfléchis qu’il proposait lors de réunions, mais aussi à la revue Les Réseaux des Parvis, expression éditoriale de la fédération. Pendant quelques années précieuses, il assura une sélection quotidienne dans La Croix des articles qui pouvaient intéresser la fédération dans ses activités au sens large, mais aussi les associations auxquelles il appartenait.
On voit que son départ crée un grand vide au sein de ce qu’il faut appeler d’abord un cercle d’amitié et de fraternité, dont le lien absolu était – est – une grande fidélité au message de Jésus.
Jacques, tu es toujours avec nous !