Par Christopher White
Le communiqué officiel à la fin de la réunion du pape François avec les cardinaux catholiques du monde entier, les 29 et 30 août, indique seulement que les participants ont « librement discuté de nombreux aspects ». Cependant, certains participants ont déclaré au National Catholic Reporter (NCR) que les discussions ont porté sur la mesure dans laquelle les laïcs peuvent se voir accorder une autorité dans la gouvernance de l’Église, la limitation des mandats des fonctionnaires du Vatican, et les finances de la cité-État.
Bien que la réunion se soit déroulée à huis clos, les participants, venus de quatre continents, ont déclaré lors d’interviews qu’une grande partie de la réunion s’est déroulée en petits groupes de discussion, format similaire à celui utilisé lors des réunions du Synode des évêques au Vatican. Cette information, ainsi que d’autres, a été confirmée à NCR par au moins deux sources qui ont assisté à la réunion.
La liste officielle des participants, qui a également été obtenue par NCR, comprenait 197 participants, dont des cardinaux, des patriarches et des fonctionnaires de la Secrétairerie d’État du Vatican.
Les participants ont été répartis en un total de 12 groupes linguistiques (quatre en anglais, quatre en italien, deux en français et deux en espagnol), les cardinaux américains Timothy Dolan de New York et Wilton Gregory de Washington servant de porte-parole pour deux des groupes anglophones.
Selon les témoignages des personnes interrogées, le pape a encouragé tous les participants à parler avec leur cœur.
François a déclaré que la nouvelle constitution apostolique du Vatican, Praedicate Evangelium, qui a réorganisé la bureaucratie centrale du Vatican, était le résultat de discussions avec les différents bureaux du Vatican. Le processus a été mené par le Conseil des cardinaux du pape, qui a été créé par François en 2013 et s’est réuni environ tous les trimestres depuis lors, de nombreuses réformes ayant été mises en œuvre progressivement au cours des neuf dernières années.
Au début de la réunion, François a demandé aux cardinaux de parler avec leur cœur en discutant de la nouvelle constitution, qui est officiellement entrée en vigueur le 5 juin.
L’un des changements majeurs de la nouvelle constitution est d’indiquer explicitement que « tout fidèle » peut diriger la plupart des bureaux du Vatican. La constitution précédente, le document Pastor Bonus de 1988 du pape Jean-Paul II, stipulait que les principaux bureaux du Vatican devaient être dirigés par un « cardinal préfet ou l’archevêque président ».
Les participants à la réunion des cardinaux ont noté que beaucoup de temps a été consacré à ce changement, y compris des discussions sur les bureaux du Vatican qui pourraient être dirigés par un laïc.

Le célèbre canoniste jésuite et nouveau cardinal Gianfranco Ghirlanda avait déjà déclaré aux journalistes, à la suite de la publication de la nouvelle constitution, que « le pouvoir de gouvernance dans l’Église ne vient pas du sacrement de l’ordre », c’est-à-dire de l’ordination, mais plutôt de la « mission canonique ».
En juillet, le cardinal canadien Marc Ouellet a publié une réflexion dans le quotidien du Vatican, L’Osservatore Romano, qui examinait les précédents historiques de la séparation de la juridiction, ou autorité au sein de l’église, du sacrement de l’ordre.
« Ce qui fonde l’unité inséparable des pouvoirs de l’ordre et de juridiction, c’est la figure du successeur de Pierre, chef du collège des évêques, qui détient en communion avec eux la plus haute unité des pouvoirs de l’ordre et de juridiction et qui peut par conséquent en appliquer les effets de manière transversale dans les sphères sacramentelles comme dans les sphères juridiques ou administratives », écrivait alors Ouellet. « Il peut aussi déléguer et faire ainsi participer les membres du peuple de Dieu à son pouvoir de juridiction ».
Selon les participants, ces écrits et commentaires de Ghirlanda et Ouellet auraient servi de base à une grande partie des discussions qui ont suivi au cours de la réunion sur le rôle des laïcs.
Des questions auraient également été soulevées au cours des débats sur l’exigence de la constitution selon laquelle le mandat exercé par le chef de chaque dicastère du Vatican est de cinq ans, renouvelable une seule fois.
Alors que certains participants se demandaient si une personne serait en mesure de comprendre les rouages de son bureau au Vatican et d’exécuter son mandat en une période aussi limitée, d’autres auraient fait remarquer que cela était nécessaire pour aider à contrôler toute mentalité cléricale ou carriériste. D’autres auraient également plaidé pour des limites afin d’encourager les diocèses du monde entier à ne pas hésiter à envoyer des prêtres servir au Vatican, par crainte qu’ils ne reviennent jamais chez eux.
Au cours de la deuxième journée de réunion, une brève discussion aurait eu lieu sur le processus en cours pour le Synode des évêques 2021-23 et sur l’accent mis par François sur la gouvernance de l’Église par la synodalité, qui donne la priorité à une plus grande écoute, au dialogue et à la participation des laïcs.
Alors que certains participants auraient fait valoir que le concept théologique de la synodalité n’a pas été suffisamment développé, d’autres évêques l’ont défendu comme ayant des racines qui peuvent être retracées jusqu’à l’Église primitive et, plus récemment, au Concile Vatican II de 1962-65.
François lui-même serait intervenu dans cette discussion pour dire que la pratique de la synodalité n’est pas une nouveauté dans la vie de l’Église.
Les efforts déployés pour assainir les finances du Vatican auraient également été largement salués. Au début du mois, le Vatican a rendu publics ses états financiers et, au début de l’été, il a publié de nouvelles directives pour tous les investissements financiers.
Après la conclusion de ces deux jours de réunions – qui marquent la première fois depuis 2015 que François convoque le Collège des cardinaux – le pape a présidé une messe avec près de 200 des 226 membres du collège dans la basilique Saint-Pierre.
Au cours de la messe, à laquelle participaient les 20 nouveaux cardinaux créés par François le 27 août, François a mis ceux-ci en garde contre ce qu’il a décrit comme la tentation de penser qu’ils possèdent des « positions éminentes dans [la] hiérarchie » et de considérer leurs rôles d’une manière « mondaine ».
Être un ministre de l’Église, a dit François au cours de son homélie, c’est « s’émerveiller devant le plan de Dieu » et être au service de la mission de l’Église « là où et de la façon dont l’Esprit Saint peut le choisir. »