Par John Pearson
Alléluia ! Enfin je me sens sauvé ! Je vais sûrement subir les critiques de ceux qui se croient eux-mêmes vraiment sauvés (ceux qui ont déjà leur billet pour le ciel) : en effet je suis un fidèle qui ne croit ni à la naissance virginale de Jésus ni à sa résurrection corporelle. Et surtout je ne crois pas en un Dieu ni surnaturel ni autrement.
Ce qui est important pour moi, c’est que je me sens sauvé de l’obligation de croire à tout cela par le fait que je participe avec plaisir à la vie de ma paroisse. Je me sens sauvé depuis qu’à l’âge de 67 ans, j’ai compris que l’athéisme chrétien existe !
Je me contente – et je pense que c’est aussi le cas de bien d’autres paroissiens – de prendre comme modèle d’une vie bien vécue l’exemple de l’humanité que montrait Jésus, son souci pour les pauvres et les exclus. Il est désormais admis que l’on puisse être membre actif d’une paroisse tout en admettant seulement être disciple des enseignements sociaux de Jésus. Je participe depuis 48 ans à la vie de l’église Saint-Thomas le Martyr de Newcastle (Angleterre), je suis heureux des amitiés que j’y ai nouées depuis tout ce temps. J’en suis marguillier depuis 6 ans, c’est-à-dire que je participe à l’entretien et l’aménagement des locaux. Et tout cela sans rien sacrifier de mon intégrité intellectuelle.
Comment dire que je suis véritablement chrétien ?
L’existence historique de Jésus (ou de quelqu’un comme lui) est difficile à nier dans la mesure où des sources indépendantes le mentionnent. Il était un messager important d’équité et d’amour à la vie de qui ses disciples ont ajouté une quantité de textes mythologiques de l’Ancien Testament connectant son histoire à celle des anciens prophètes. On lui attribuait ainsi un statut unique, qui renforçait évidemment aussi celui des disciples. C’est ainsi que furent élaborés les récits de sa naissance miraculeuse, de sa mort tout à fait particulière et de sa résurrection encore plus particulière et même absolument incroyable, qui doivent, à mes yeux, être lus de façon métaphorique.
Le théologien Don Cupitt (voir sur ce site) considère Dieu lui-même comme une métaphore. Pour moi, l’importance de l’enseignement de Jésus concerne la vie présente et non un au-delà. Il nous appelle à prendre soin des moins fortunés que nous, nourrir les affamés, loger les sans-abri, rendre justice aux opprimés, secourir les victimes de la violence et de la guerre, etc. Un tel idéal, essentiellement humaniste, peut certainement être entendu aujourd’hui sans que l’on ait besoin de mentionner une quelconque adoration d’un Dieu surnaturel ni une vie après la mort totalement non crédible. Quel réconfort pourrait d’ailleurs être la promesse d’une vie après la mort, pour une famille confrontée à une pauvreté alimentaire dramatique, au chômage de longue durée, à la délocalisation, etc.
Les chrétiens athées pensent qu’il convient d’apporter une réponse satisfaisante aux problèmes de la vie en s’attaquant aux questions concrètes de l’existence.
Conclusion
Il y a vingt ans, Ludovic Kennedy donnait déjà en quelque sorte la conclusion à cet article en disant : « les problèmes qui nous préoccupent tous sont ceux de la menace de la vie sur la planète : la destruction des forêts tropicales, le réchauffement climatique entraînant une élévation spectaculaire du niveau de la mer, l’explosion démographique, le besoin d’énergie et un éventuel virus mondial incontrôlable. Nous ne serons certainement pas assez insensés pour demander encore à “Dieu” de venir à notre rescousse. » (All in the Mind, A farewell to God, 1999)
Source : http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-spiritualite/gc851.htm
Source originelle : https://www.sofn.org.uk/sofia/139pearson.pdf
Traduction : Gilles Castelnau