Le cardinal Herranz dénonce des « tentatives de manipulation du prochain conclave ».
Le cardinal espagnol, Julián Herranz, âgé de de 93 ans, dénonce les tentatives de « manipulation du prochain conclave » en visant un « groupe de milliardaires » qui a lancé en 2018 un fonds économique pour payer d’anciens agents du FBI afin qu’ils préparent des « rapports personnels sur les plus “papabilales” et les plus influents parmi les cardinaux électeurs ».
« La même idéologie qui s’est opposée au pape François depuis le début de son pontificat s’est poursuivie jusqu’à essayer de manipuler le prochain conclave, de façon assez similaire à celle des monarques des nations catholiques dans le passé », souligne le cardinal Herranz dans le livre Dos Papas, publié aux éditions Rialp en Espagne.
Les livres de Weigel et Pentin
Le cardinal Herranz, que le pape Benoît XVI a nommé en 2012 dans la commission cardinalice chargée d’enquêter sur la diffusion de documents confidentiels du Saint-Siège, dans le cadre de l’affaire dite « Vatileaks », souligne ainsi l’existence d’un projet intitulé « Barrêtes rouges ».
Il souligne en outre, parmi les tentatives « flagrantes » d’influencer le prochain conclave, la publication de deux ouvrages par des éditeurs catholiques au cours de l’été 2020. Il s’agit de « The Next Pope », du théologien et auteur d’une biographie de Jean-Paul II, George Weigel ; et de celui du journaliste Edward Pentin, correspondant à Rome du National Catholic Register (du groupe EWTN), qui a publié en août 2018 un manifeste de l’ancien nonce aux États-Unis, Carlo Maria Viganò, qui appelait à la démission de François, l’accusant sans preuve, entre autres considérations critiques contre son ministère, d’avoir protégé l’ancien cardinal Theodore McCarrick, coupable de multiples abus sur des mineurs et des jeunes.
Selon Herranz, un cardinal américain non identifié a envoyé en cadeau personnel à tous les cardinaux du monde un livre de George Weigel, publié par Ignatius Press, qui proposait pour le prochain pontife un profil différent de celui de François.
Un nouveau pape pour une nouvelle ère
« Selon Weigel, ce ne pourrait pas être un pontife comme les précédents, un pape “conciliaire” (de Vatican II), mais un pape de “transition” ouvert à la “nouvelle époque” du 21e siècle (…) », souligne Herranz. En outre, il souligne que le journaliste Edward Pentin a déclaré à certains journalistes italiens que François « pourrait démissionner très bientôt, et qu’il était donc essentiel de penser à d’éventuels successeurs ».
Le livre du cardinal Julián Herranz se présente comme un mémoire en 21 chapitres, allant du pontificat de Benoît XVI à celui de François, mais rappelant d’autres papes qui ont influencé sa vie et qu’il a également servis.
L’avant-propos du pape François
« Après le conclave au cours duquel Benoît XVI a été élu, vous nous avez invités, le cardinal Hummes et moi, à déjeuner », raconte le pape François dans la préface qu’il a écrite pour le livre Deux papes. « Les commentaires portaient sur la façon dont nous étions édifiés par sa personnalité d’homme d’Église. D’autre part, une personne qui avait entendu parler du déjeuner faisait à peu près la remarque suivante : Herranz est très intelligent, il pense au prochain conclave », ajoute-t-il. « Je confesse que le 13 mars 2013 (lorsqu’il a été élu pape), je me suis souvenu du déjeuner et du commentaire », déclare le pape.
François écrit également – de sa propre main – un remerciement au cardinal espagnol pour son « travail et son effort » pour le travail accompli. « J’admire sa mémoire et son jeune âge », ajoute-t-il, soulignant qu’il s’agit d’un « homme d’Église, d’un homme au cœur ecclésial ».