Phyllis Zagano.
En ce moment, les lecteurs attentifs des principaux journaux ont peut-être vu un article sur le synode des évêques qui se réunit à Rome.
Ou pas.
La guerre remplit les pages de tous les grands quotidiens. Les récits sont horribles et les causes sous-jacentes, déroutantes. Comment des peuples qui ont une histoire commune peuvent-ils essayer de se détruire les uns les autres ?
Les événements de Rome font l’objet d’une certaine couverture, principalement axée sur les affrontements politiques à l’extérieur du synode.
Au début du mois d’octobre, 360 membres du synode et le pape François se sont réunis dans la salle Paul VI du Vatican pour discuter de la manière dont l’Église catholique pourrait aller de l’avant. Pour la première fois, les laïcs, les religieuses, les prêtres et les diacres ont le droit de vote. La réunion est appelée « Synode sur la synodalité » ; le sujet est de savoir comment parler de la synodalité, ou comment être synodal.
À la base, le sujet est le processus. Confus ? Ce l’est pour de nombreux catholiques, en particulier ceux qui vivent dans des diocèses qui ignorent l’ensemble du projet, qui a débuté en octobre 2021 et pourrait aboutir à certaines conclusions en octobre 2024. Il peut avoir des conclusions, mais il ne se terminera pas. Il est censé être une restauration continue d’une Église plus ouverte, où les laïcs ont un rôle à jouer.
Organisé autour de trois concepts généraux – communion, mission et participation – le document de travail du synode pose des questions pour guider ce que ses dirigeants appellent des « conversations dans l’Esprit ».
La communion (avec et sous le pape), la mission (répandre l’Évangile) et la participation (qui peut faire quoi) tournent souvent autour des façons dont les gens se séparent. Comme les Géants et les Nains dans les Voyages de Gulliver, la controverse reflète trop souvent ce que Freud appelait le narcissisme des petites différences. Plus ils ont de points communs, plus ils diffèrent.
Si une réunion de 360 catholiques peut faire croire à l’unanimité, il n’en est rien. Quelques petites fuites d’informations montrent qu’au moins une question importante, celle de la place des femmes, peut être abordée dans chaque partie de la discussion synodale, mais qu’elle ne sera pas résolue de sitôt.
Les médias laïques cherchent donc d’autres histoires à raconter. Les médias catholiques penchent d’un côté ou de l’autre.
Comme on pouvait s’y attendre, le géant des médias américains anti-Pape François, le réseau de télévision Eternal Word, et ses filiales accordent du temps d’antenne aux détracteurs du synode, dont certains transmettent des fake news sur les sujets discutés et proposés. L’une des émissions est animée par un Américain qui se moque du concept de conversation spirituelle.
De l’autre côté, les médias catholiques plus libéraux se concentrent sur la question de l’inclusion des personnes dans l’Église, qu’elles soient homosexuelles, pauvres, autochtones, femmes, migrantes ou divorcées. Certains ne s’intéressent qu’à une seule catégorie, d’autres les couvrent toutes.
Pour alimenter les reportages, divers groupes de pression établis à Rome se rallient à l’un ou l’autre camp, en présentant des conférences, des prises de position et des livres sur leurs sujets.
Par exemple, dans un théâtre public, lors d’un événement intitulé « La Babel synodale », le cardinal américain Raymond Burke, critique féroce du pape François, a lu un long argumentaire contre le synode lui-même.
Pendant ce temps, lors d’un événement intitulé « Spirit Unbounded », la bénédictine Joan Chittister et l’ancienne présidente de l’Irlande Mary McAleese ont appelé à l’égalité dans tous les domaines de la vie et de la pratique de l’Église.
Et puis, il y a les livres qui ajoutent à l’excitation.
L’un d’entre eux, rédigé par deux militants latino-américains et imprimé en huit langues par la Société américaine pour la défense de la tradition, de la famille et de la propriété, qualifie le synode de « boîte de Pandore ». L’avant-propos de l’édition anglaise est signé Burke. Le livre raconte avec horreur que des femmes ont demandé à participer à la gouvernance et au ministère de l’Église.
Un livre intitulé Credo, écrit par un autre critique de François, a reçu l’imprimatur de l’évêque américain Peter Libasci, qui fait actuellement l’objet d’une enquête pour abus. Rédigé par Athanasius Schneider, évêque auxiliaire au Kazakhstan, qui a écrit contre les musulmans et les juifs, il vise à remplacer le Catéchisme de l’Église catholique. Sans surprise, il présente des informations manifestement fausses sur l’histoire des femmes ordonnées diacres et nie l’autorité du pape pour admettre des femmes dans les ministères laïcs officiels.
Le va-et-vient est vertigineux, et il n’est pas prêt de s’arrêter. Le synode est le synode. Certaines parties du monde catholique sont impliquées. D’autres ne le sont pas. Plus de discours et plus de documents créeront plus de controverses. Plus de colère et plus de division entraîneront des appels plus forts pour ou contre l’une ou l’autre question, ce qui est à l’opposé de ce que le synode est censé faire, à savoir résoudre les différends et élaborer des plans pour avancer dans la paix.
Par-dessus tout ce bruit, le pape François regarde le monde souffrant à l’extérieur des murs du Vatican. Il appelle à la prière et au jeûne pour la paix dans le monde. Il demande aux nations belligérantes de cesser de se battre et de résoudre pacifiquement leurs différends. L’autre jour, il a même téléphoné au président américain Joe Biden pour insister sur ce point. Et c’est ce que François veut pour l’Église.