Dimanche de Pâques – C’est le Dieu des abîmes qui est là !
Avec Isabelle Le Bourgeois.
Isabelle le Bourgeois est religieuse auxiliatrice, de spiritualité ignatienne. Psychanalyste, elle a été longuement aumônier de prison avant d’ouvrir un cabinet où, depuis cinq ans, elle reçoit des victimes de l’Église catholique.
Jésus est mort, oui, mort, vraiment mort !
Ce n’est pas une figure de style pour donner un quelconque piment à l’histoire de Jésus.
C’est une vie vécue de bout en bout.
Mourir c’est tout lâcher, tout perdre, tout remettre.
Jésus en allant au séjour des morts ne s’est pas seulement trouvé avec les justes et les gentils,
il y a rencontré toutes les figures humaines, des plus affreuses aux plus belles,
des plus nobles aux plus terrifiantes.
Il a séjourné avec toute l’humanité sans exception.
Ce n’est qu’ainsi que les abîmes sont réellement visités par Dieu.
Une folie de croire cela ? Assurément !
D’ailleurs, tout l’Évangile est folie.
Enfin, que Dieu fait homme soit venu vivre parmi nous pour finir sur une croix est sans aucun doute une histoire inouïe !
Ils ont, d’ailleurs, été bien peu à le croire jusqu’au dernier moment.
Mais, nous le pressentons, cette folie-là ne serait pas très utile s’il n’y en avait une autre qui lui donne toute son envergure :
Dieu fait revenir Jésus d’entre les morts.
Non seulement Dieu vient nous visiter au plus profond de nos morts,
de nos incapacités, de nos désespoirs,
mais il nous en relève, nous en fait revenir, nous en délivre.
Il ne s’arrête pas à la mort, il sait que la Vie est la plus forte.
Comment dire ce mystère en quelques mots si simples ?
C’est l’expérience de chacun qui leur donne chair,
c’est l’aventure déjà vécue avec le Dieu des abîmes qui autorise à parler.
Peu importent les mots et leur imprécision, car approcher du mystère c’est déjà y entrer.
Je ne suis pas sûre que nous puissions faire beaucoup plus.
Du cœur de l’Humain et du mien en particulier, Dieu n’a jamais douté,
je le sais du plus profond de moi-même.
Sans cesse il m’a invitée à oser descendre avec lui,
là où cela fait le plus mal, là où la honte, la culpabilité, le désespoir semblent, à jamais, devenus pierre.
Dans ces descentes ensemble, j’ai continué de découvrir combien c’est là,
au creux du creux du creux, que Dieu nous tient dans ses bras et nous berce,
qu’il nous appelle par notre prénom et essuie nos larmes.
Et comment je sais cela, moi ?
Comment puis-je prétendre que c’est de lui que je parle alors que ce n’est peut-être que de mon propre cœur qu’il s’agit ?
Je n’ai pas de preuves, pas d’arguments incontestables,
pas de certitudes vérifiables, je n’ai rien de tout cela.
Je suis comme chacun de nous, les mains nues et l’âme vulnérable pour dire,
à partir de ma seule expérience,
la rencontre avec le plus humain dans l’Homme, Dieu lui-même.