Allemagne : un « non » chrétien face à l’extrême droite !
Henri Lastenouse.
Après onze années d’existence, l’Alternative pour l’Allemagne (Alternative für Deutschland – AfD) est devenue la deuxième force politique du pays, ne cessant de durcir ses positions. Parti d’extrême droite, elle dénonce les communes qui « croulent sous les réfugiés », la hausse de l’insécurité, le « mensonge du changement climatique », ou encore la « nationalité allemande bradée ».
En réaction, le « non » des chrétiens allemands s’exprime clairement et sans ambiguïté : « Quiconque vote pour l’AfD par conviction ne peut pas travailler dans la Diaconie… Au fond, ces électeurs ne peuvent plus se considérer comme faisant partie de l’Église, car la vision du monde antihumaine de l’AfD contredit la vision chrétienne de l’humanité. » Ainsi vient de s’exprimer le pasteur Rüdiger Schuch, président de Diakonie Deutschland, qui fédère en Allemagne les organisations protestantes engagées dans le domaine social. Soit 33 000 services hospitaliers et ambulatoires, tels que maisons de retraite, hôpitaux, crèches, centres sociaux. Une organisation qui compte parmi les plus importants employeurs d’Allemagne, avec environ 627 000 employés et quelque 700 000 bénévoles.
« Si des employés ou des managers violent la vision chrétienne de l’humanité – par des paroles ou des actes –, alors, nous devons intervenir », rappelle le pasteur Schuch, qui a justifié sa position en affirmant que les personnes qui se tournent vers la Diaconie doivent être protégées. Il précise notamment que « quiconque décrit par exemple les immigrés comme une foule menaçante n’a pas sa place dans la Diaconie ». Ou encore : « Si des personnes handicapées ont le sentiment que certains de nos employés les dévalorisent, alors nous devons nous séparer de ces employés. »
De leur côté, fin février, les évêques catholiques ont adopté à l’unanimité une déclaration intitulée «Nationalisme ethnique et christianisme sont incompatibles ». En cela, les évêques se distancient expressément de l’AfD et la qualifient d’inéligible pour les chrétiens. Ainsi, le diocèse catholique de Trèves a évincé à la mi-avril un membre élu de l’AfD du conseil d’administration de la paroisse de St. Marien Neunkirchen. Quant à la Caritas allemande, elle a également clairement exprimé son rejet des positions de l’AFD, qualifiées d’« extrémistes, fondamentalistes, racistes, antisémites, antidémocratiques, nationalistes et xénophobes ».
Depuis le début de l’année, c’est l’Allemagne dans son ensemble qui s’engage pour la défense de son modèle démocratique, avec des manifestations de l’ordre du million de personnes, notamment à Hambourg et Düsseldorf, pour dénoncer l’AfD. Dans cette logique de mobilisation générale, le pasteur Schuch a appelé les employeurs allemands à s’engager davantage en faveur de la démocratie et à encourager leurs salariés à voter. « Ils devraient également faire clairement comprendre qu’il est important de ne pas utiliser leur vote pour renforcer les ennemis de la démocratie », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Chaque entreprise en Allemagne devrait donc examiner son attitude et se demander si elle en fait assez pour maintenir une société ouverte. »
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