Connaître et guérir le fascisme
Matthew Fox. (Traduction Gilles Castelnau)
D‘où vient la vague montante du fascisme à laquelle nous assistons aujourd’hui ? Le psychologue Erich Fromm dit qu’elle provient de la haine de soi.
De nombreuses addictions ont été créées en nous par des traumatismes que nous avons subis dans une période vulnérable de notre vie. La nièce de Donald Trump elle-même nous a parlé de la maltraitance que son oncle a subie de la part de son père (qui était, d’ailleurs, membre du Ku Klux Klan). La haine de soi dont souffre Trump apparaît régulièrement aujourd’hui dans l’attitude hostile qu’il manifeste à l’égard de son entourage, des injures dont il accable les autres et de tous ses comportements odieux et tout à fait anormaux.
La doctrine du « Péché originel » provoque également un sentiment de haine de soi. Mais cette idéologie est tout à fait contredite par les enseignements de Jésus et aussi par toute la théologie juive. Au lieu de parler aux enfants de leur Péché originel, disons-leur bien qu’ils sont une bénédiction. Parlons plutôt de la « Bénédiction originelle ».
Le remède à la haine de soi est l’amour de soi, qui est caractéristique du mysticisme : l’amour de la création inclut l’amour de soi.
Thomas d’Aquin disait à propos de l’amour de soi : « Connaître et apprécier sa propre valeur n’est pas un péché. L’amour de soi réfléchi et intelligent est juste et naturel, et c’est au contraire celui qui se hait lui-même qui commet un péché contre la nature. » Une personne blessée peut être ramenée à la conscience de sa valeur par une bonne thérapie. Retrouvons le message de la Bénédiction originelle.
Maître Eckhart a dit : « Chacun s’aime toujours plus ou moins soi-même. Il faut bien l’admettre, car la haine de soi entraîne la mort. »
Adolf Hitler avait un père violent et tyrannique (un peu comme Trump) qui le battait quotidiennement, selon la psychologue allemande Alice Miller. La haine des pères entraîne la haine des enfants, mais leur guérison est possible si l’Amour intervient par l’intermédiaire de membre de la famille, d’un enseignant, d’un membre du clergé, d’un thérapeute, d’un ami ou d’un groupe psychologique.
Le psychologue Erich Fromm, qui relie le fascisme à la haine de soi, dit que lorsque « l’amour de la vie s’éteint, l’amour de la mort s’allume. »
Le fascisme
Le fascisme blâme toujours les autres et cherche à les contrôler, qu’il s’agisse du corps des femmes, des livres que nous lisons, etc. Il se nourrit de la peur et se rit du bonheur. Il ne se soucie ni de la vérité, ni de la liberté, ni de la compassion. Il se méfie des artistes, des efforts de créativité, de la méditation et de toute pensée libre. Il récuse systématiquement le bien, le bonheur et le recueillement. Il s’occupe de son pouvoir, du pouvoir sur les autres. Le fascisme est sadique. Il est tout à fait contraire à l’enseignement de Jésus.
Le pape François a donné ce dimanche une interview à CBS News, dans laquelle il s’inquiète clairement pour l’Église américaine.Il dit qu’elle est tournée vers le passé « ce qui est improductif. »
Il sait de quoi il parle. Après tout, les deux papes régnant avant lui, ont pendant 34 ans, fait tout ce qu’il fallait pour accroître l’influence de l’Opus Dei et de son fondateur le fasciste Escriva pour lequel ils ont organisé la canonisation la plus rapide de l’histoire.
Ils ont également « tué la théologie » en Europe aussi, comme me l’a dit un théologien européen et ils ont condamné au silence plus de 108 théologiens dans le monde (dont moi-même, du temps où j’étais dominicain). Il sera intéressant d’entendre ce que le pape va déclarer dimanche prochain.
http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-spiritualite/gc931.htm