Jésus-Christ et Krishna
Lauren Van Ham, pasteure et psychologue, Berkeley, Californie
Question
S’il y a plusieurs chemins qui conduisent à la vérité (au salut), peut-on prêcher que Krishna (ou n’importe quel autre Dieu) est un chemin conduisant au salut ? Peut-on dire : « au nom de Krishna vos péchés sont pardonnés » ?
Réponse
Ma théologie qui est de tendance interreligieuse me fait répondre absolument OUI.
J’aime bien que vous mentionniez justement Krishna dans la mesure où Jésus et lui sont fréquemment considérés comme semblables, complémentaires ou peut-être comme le même archétype de Dieu.
Dans toutes les cultures, les langages, les époques et les religions du monde, Dieu reçoit de nombreux noms différents et il y révèle toujours la Vérité d’une manière qui dépasse même toute compréhension humaine.
Le terme grec désignant le salut est « soter » ce qui signifie « guérison ». Les traditions religieuses et les itinéraires spirituels incitent à des pratiques conduisant à l’illumination (la Vérité) et à la guérison si, du moins, ils sont enseignés en plénitude et dans un esprit sain.
En pratiquants fidèles de l’une de ces Traditions, nous réfléchissons, nous approfondissons pour vivre notre foi, quelle qu’elle soit, de notre mieux, que ce soit dans les bons ou dans les mauvais jours et dans ceux où nous aurions voulu, aurions pu, aurions dû faire autrement.
C’est vraiment un soulagement que dans la solitude de ces moments difficiles nous sachions vers qui nous tourner afin de nous sentir en communauté avec d’autres croyants et ultimement unis à la Source de la Vie où nous trouvons compassion et sagesse, connaissance, réconciliation et paix.
Finalement, les diverses traditions religieuses et les différents noms que nous donnons à Dieu sont bien moins importants que la piété elle-même. Que tous les êtres du monde entier se sachent tous bienvenus dans les différentes traditions de guérison, de réconciliation, de pardon et d’amour.
Remarque de Gilles Castelnau
Ma chère collègue Lauren Van Ham a bien raison de pratiquer une théologie libérale et interreligieuse. Elle s’imagine néanmoins un peu trop facilement, me semble-t-il, que toutes les religions convergent dans l’idéal commun « de guérison, de réconciliation, de pardon et d’amour. »
Mais dans l’hindouisme de Krishna, où l’on mentionne pourtant la grande Unité cosmique, il n’est jamais question de tout cela : on laisse les malades et les pauvres mourir sans secours sur les trottoirs de Calcutta, et la terrible ségrégation des castes marginaliser les Intouchables (qui se réfugient fréquemment dans les églises chrétiennes où ils sont accueillis). Tout en affirmant l’Unité de toutes choses, on cultive un racisme scandaleux à l’égard des non hindous.
Et que dire de quantités d’autres conceptions de Dieu ?
On n’enseigne pas dans les mosquées que le Dieu de l’islam promeut avant tout « la réconciliation, le pardon et l’amour. (Le Dieu de l’islamisme radical enseigne la haine).
Le Dieu du protestantisme évangélique du sud des États-Unis est manifestement raciste et ignore ce que pourrait être une grande réconciliation.
Le Dieu du catholicisme traditionaliste d’Irlande, de Pologne et d’Amérique latine manifeste une cruauté choquante à l’égard des adolescentes enceintes après leur viol en leur refusant l’IVG après avoir refusé toute régulation des naissances.
Chacun trouvera – peut-être en lui-même – de nombreuses autres conceptions de Dieu extrêmement injustes et antipathiques. Tous les Dieux – et donc toutes les spiritualités – ne sont pas les mêmes.
http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-spiritualite/gc782.htm