Marine Le Pen et la Cimade
Claudine Castelnau.
Marine Le Pen, la patronne du Rassemblement national, avait accusé la Cimade d’organiser « la filière d’immigration clandestine en provenance des Comores » à Mayotte. Elle a été condamnée, ce 11 septembre, à 500 € d’amende avec sursis pour diffamation envers l’association d’aide aux migrants. Plus précisément, elle avait, lors d’une émission sur BFM-TV en 2022, affirmé que les associations humanitaires sont « même complices des passeurs » pour viser ensuite directement la Cimade et son accompagnement des migrants en déclarant : « La Cimade organise en réalité la filière d’immigration clandestine en provenance des Comores » à Mayotte ».
Marine Le Pen avait aussi dénoncé les subventions versées aux associations « à des gens qui organisent quelque chose d’illégal. »
Le Monde du 11 septembre rappelle qu’en première instance, en octobre 2023, elle avait déjà été reconnue coupable des faits de diffamation publique envers un particulier, la justice estimant que ses propos avaient « dépassé la dose d’exagération possible dans le contexte dans lequel ils ont été prononcés » et que « les limites de la liberté d’expression [avaient] été franchies. »
Pour en savoir plus sur la Cimade, on peut aller sur son site, ce que madame Le Pen n’a probablement pas fait !
En voici des extraits :
« La Cimade a été fondée en 1939 au sein des mouvements de jeunesse protestants. De sa mission initiale auprès des “évacués” de l’Alsace-Lorraine fuyant l’avancée nazie, elle a conservé son nom (dont la signification d’origine est “Comité Inter-Mouvements Auprès Des Évacués”), mais aussi un lien avec le monde protestant et surtout une fidélité aux valeurs et aux engagements de ses fondateurs. Depuis plus de soixante ans, La Cimade a adapté son action aux enjeux de l’époque. Elle s’est engagée auprès des juifs menacés, a œuvré ensuite pour la réconciliation franco-allemande, s’est impliquée auprès des peuples du Sud en lutte pour l’indépendance et la décolonisation. À partir de la fin des années 70, La Cimade s’implique de plus en plus en réaction aux projets de loi réduisant les droits des immigrés. La grève de la faim en 1981 et la marche pour l’égalité et contre le racisme renforcent le positionnement politique de l’association. Fidèle à ses principes, La Cimade entre dans les centres de rétention en 1984, pour y venir en aide aux étrangers reconduits. Tout au long de son histoire, La Cimade est restée un mouvement engagé sans se satisfaire d’une simple posture caritative. »
Il n’y a pas, hélas, que Madame Le Pen, à être condamnée pour déclaration mensongère. Le mensuel évangélique américain Christianity ToDay, fondé par l’évangéliste Billy Graham Day a récemment fait état de la condamnation d’un pasteur allemand, Olaf Latzel, qui préside une paroisse protestante jugée conservatrice. Lors d’une célébration, il avait attaqué le mouvement LGBT, un « lobby » selon ses mots, qui avait organisé une Marche des fiertés à Berlin. Il avait taxé l’homosexualité de « dégénérée » et « démoniaque » et les responsables de la Gay Pride de Berlin de « criminels. » Accusé d’inciter à la haine contre un groupe, il a été condamné à payer quelque 5000 € pour clore les poursuites de la justice contre lui.
http://protestantsdanslaville.org/claudine-castelnau-nouvelles/cr1069.htm