Comment ne pas rester dans l’impuissance, dans la peur de l’avenir
Extrait de la présentation de Cécile Entremont lors de l’Assemblée générale de NSAE le 24 février 2018 [1]
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Un constat
Nous sommes dans une société maintenant globale, confrontée à une énorme crise : nous vivons un changement d’ère civilisationnelle. C’est très compliqué du fait de l‘enchevêtrement de destructions en particulier environnementales (pas encore très tangibles pour beaucoup), de la complexité des échanges internationaux (surtout au niveau du monde numérique), qui ne se maitrisent pas, et d’un système financier complètement à la dérive.
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Comment en sortir ?
Pour ne pas rester dans l’impuissance, dans la peur de l’avenir :
Reprendre confiance en soi ; donc sortir de l’immobilisme et du deuil.
Reprendre son propre pouvoir : oser penser et agir. Décrypter l’économie ultralibérale. S’interroger sur la politique.
Croire en nous en tant que nous donc à l’altérité.
Entrer en résistance et peut-être même en dissidence.
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Reprendre confiance en soi
Nous sommes dépassés par cette crise qui est unique du fait de la conjonction, jamais rencontrée jusqu’ici, de l’écart grandissant entre riches et pauvres d’une part et d’autre part de la crise écologique : c’est la première fois que l’humanité a géologiquement la capacité d’impacter notre environnement. On parle d’« époque anthropocène ». C’est parti et pas facile à arrêter.
Pour nous protéger de l’angoisse et de la peur légitimement ressenties, nous sommes tentés de partager le mécanisme du déni qui est tout autour de nous. « On va dépasser tout ça (transhumanisme, aller sur la Lune…). » « Il y aura de nouvelles inventions, de nouvelles techniques. » « On a su résister, on va continuer… » On s’anesthésie en se lançant dans toutes sortes d’activités.
D’où le gros risque de se déresponsabiliser, de garder le silence, de s’isoler, de devenir lâches et égoïstes.
Il nous faut avoir le courage d’ouvrir les yeux, d’accepter la réalité, adopter une forme de deuil. Deuil de notre représentation d’un monde qui devait aller vers la paix… Savoir qu’on ne reviendra pas en arrière. Reconnaître nos blocages, accepter nos limites.
Il nous faut reprendre confiance dans notre capacité à voir les choses et savoir où nous voulons aller.
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Reprendre notre propre pouvoir de penser
La société d’efficacité, de pragmatisme, de technicité, de rapidité, nous offre un prêt à penser. Il faut être pragmatique. Ça ne sert à rien de penser.
« On humanise les robots ; on robotise les humains. »
Christophe Breysacher, dans son rapport [2], mentionnait : « garder une conscience, une culture politique ». C’est primordial. Se déconditionner de la pensée unique de cette société engloutie par le néolibéralisme.
(Photo Claude Naud)
Cela veut dire s’informer. Cf. Roland Gori « Un monde sans esprit » (Les Liens Qui Libèrent, 2017) : « Au-delà de la colonisation des esprits par la religion du marché. Au-delà du terrorisme rational des machines et des algorithmes. Au-delà de l’informatif pur”, s’informer et penser. Récupérer sa pensée. Récupérer un rythme (on est pressé par la vie professionnelle), des plages pour s’arrêter. Partir des idées à échanger, développer son esprit critique (cf. Christophe). Avoir la possibilité en pensant de pouvoir juger, décider.
Notes :
[1] À partir de l’enregistrement et de notes [2] Lire les Rapports des ateliers