Adalah – Les Bédouins arabes palestiniens citoyens d’Israël
Les Bédouins citoyens d’Israël sont soumis à une forme d’oppression particulière de la part du gouvernement d’Israël. Les autorités s’efforcent de dépouiller les Bédouins de leur culture et de leurs modes de vie traditionnels, et s’emparent au passage de leurs terres. Adalah, le Centre Juridique pour les Droits de la Minorité Arabe en Israël, s’engage pour la protection des citoyens bédouins. Voici ce qu’il vous faut savoir et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Adalah (« Justice » en arabe) est une organisation indépendante de défense des droits humains et un centre juridique indépendant. La mission d’Adalah consiste à promouvoir en Israël les droits humains en général, et des droits de la minorité palestinienne (20 % de la population) en particulier. Ce travail implique de promouvoir et de défendre les droits humains de toutes les personnes placées sous l’autorité d’Israël, y compris les habitants des territoires palestiniens occupés.
Une fois que vous aurez été informés du calvaire des Bédouins d’Israël, Adalah vous demande de vous joindre à son travail pour agir sur la base de cette information et prendre part à la campagne qui prend de l’ampleur, en faisant ce qui suit :
Action #1 : Diffusez l’information concernant le peuple bédouin du Néguev. Attirez d’abord l’attention du public sur le calvaire des citoyens bédouins du Néguev pour réfuter beaucoup de mythes sur leur communauté et pour faire reconnaître le besoin urgent d’agir pour bloquer le projet d’Israël de les déplacer de force. Diffusez les rapports, les photos, les vidéos et autres documents d’Adalah au plus grand nombre de personnes possible.
Action #2 : Intervenez auprès de vos représentants légaux pour exiger la justice pour les Bédouins. Intervenez auprès de vos parlementaires, des fonctionnaires gouvernementaux, des représentants de conseils locaux, des organisations de la société civile et de toute personne ayant de l’influence pour demander qu’Israël arrête le déplacement par la force des citoyens bédouins. Utilisez les documents d’Adalah pour toucher le plus de monde possible.
Vous pouvez trouver Adalah sur son site web https://www.adalah.org/. Ou sur Facebook à https://www.facebook.com/AdalahEnglish, sur Twitter à https://twitter.com/AdalahCenter, ou encore sur YouTube à https://www.youtube.com/user/iadalah
La situation
Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, les citoyens bédouins d’Israël qui habitent le désert du Néguev ont été soumis par l’État à une politique de déplacement forcé, de démolition de maisons et de spoliation. Traditionnellement, les Bédouins palestiniens vivaient comme bergers dans le Néguev, y faisant paître des chameaux, chèvres et moutons. Aujourd’hui plus de 80.000 Bédouins vivent dans 36 villages « non reconnus », qui soit existaient avant la création même de l’État d’Israël soit avaient été créés sous l’autorité militaire israélienne au début des années 50. L’État israélien refuse aux habitants de ces villages l’accès à des services de base comme l’eau, l’électricité, l’évacuation des eaux usées, l’éducation, les soins de santé et des routes sûres. L’État israélien refuse ces services à dessein pour « encourager » les Bédouins à abandonner leurs terres ancestrales.
En 2011, le gouvernement israélien a approuvé le Plan Prawer. L’objectif fondamental de ce plan est de déplacer par la force les citoyens bédouins de ces villages non reconnus vers des quartiers de regroupement prévus par le gouvernement dans le nord du Néguev, et de les exproprier de leurs terres. En 2013, suite à des manifestations populaires et à d’importantes pressions internationales, le gouvernement israélien avait gelé la législation qui aurait facilité légalement le projet discriminatoire. Mais vers la fin de 2016, le ministre israélien de l’Agriculture Uri Ariel annonçait son intention de promouvoir dans un avenir proche une version modifiée de Plan Prawer, qui est en fait peu différente du plan d’origine.
Malgré le refus du plan par une grande partie de la communauté bédouine et une forte désapprobation par la communauté internationale, le Plan Prawer est appliqué sur le terrain. Les autorités israéliennes démolissent et rasent chaque mois des centaines de maisons, de bâtiments et de terres agricoles, et des milliers de familles bédouines sont expulsées ou obligées de quitter leurs terres. Le plan viole ainsi gravement les droits des citoyens bédouins à la propriété, à la dignité, à l’égalité, à un logement convenable et à la liberté de choisir eux-mêmes leur lieu de résidence.
Alors que les violations des droits humains dans le Néguev se poursuivent, la campagne pour mettre fin aux plans discriminatoires de l’État se développe aussi. Outre l’opposition locale des citoyens bédouins du Néguev et plus largement de la communauté palestinienne d’Israël, beaucoup d’acteurs, de groupes et de citoyens ont pris position au niveau international en faveur du droit des Bédouins à rester sur leurs terres du Néguev et à vivre dans la dignité, en citoyens égaux.
Les Nations Unies et le Parlement Européen ont tous deux critiqué le Plan Prawer initial et demandé qu’il soit annulé. Le Comité des Nations Unies pour l’Élimination de la Discrimination Raciale a exhorté le gouvernement israélien à abandonner le Plan Prawer parce qu’il était « discriminatoire » et qu’il « légaliserait la politique permanente de démolition de maisons et de déplacement par la force des communautés bédouines autochtones ». [1] De plus, dans un rapport de février 2014, le Département d’État des États-Unis a appelé le traitement des Bédouins l’un des « problèmes de droits humains les plus importants » d’Israël, du fait que le déplacement exigerait d’eux de « renoncer aux terres qu’ils [habitaient] depuis plusieurs générations et les séparerait de leurs moyens d’existence. » [2]
Un signe d’espoir
L’expérience d’Adalah montre que les pressions internationales, celles des médias et de l’opinion publique peuvent avoir un effet important et concret pour empêcher Israël de mettre en œuvre sa politique de déplacement par la force. Par exemple le 21 novembre 2016 la communauté d’Umm al-Hiran a été informée que les autorités israéliennes allaient commencer le lendemain à démolir leurs maisons et à évacuer leur village. Une équipe d’Adalah se rendit avec d’autres partenaires à Umm al-Hiran et resta dans le village jusqu’au lendemain pour témoigner des évènements et en rendre compte. Adalah a diffusé sur ses pages Facebook et Twitter des communiqués de presse et des informations sur l’évolution des évènements et a invité des douzaines de journalistes et de militants à venir dans le village. Suite à cette publicité de grande envergure et à la présence de membres arabes de la Knesset et de médias internationaux, les démolitions ont été évitées ce jour-là. S’il a été possible d’empêcher la réalisation du plan de l’État ce jour-là, alors il sera possible de faire de même pour tous les villages bédouins non reconnus, aussi longtemps du moins que nous maintiendrons avec force et persévérance notre plaidoyer et que nous poursuivrons le travail avec les médias.
L’histoire d’Ahmad Abu Al-Qi’an
En décembre 2016, Ahmad Abu Al-Qi’an a été contraint par Israël de démolir lui-même sa maison à Umm al-Hiran, l’un des 36 villages bédouins non reconnus du Néguev. « Toutes ces maisons que vous voyez sont des maisons de ma famille, » dit Ahmad en regardant les ruines. « Il y avait là 12 maisons. »
Les familles de la tribu d’Abu Al-Qi’an qui vivent actuellement dans les villages jumeaux d’Atir et d’Umm al-Hiran, avaient été expulsées une première fois de leurs terres de Khirbet Zubaleh, qu’ils cultivaient depuis des générations, en 1948. Au cours des années 1950, le gouverneur militaire israélien leur avait ordonné de se déplacer vers l’espace qu’ils occupent actuellement et d’y construire leur village. Malgré cela l’État n’a toujours pas reconnu le nouveau village, et ne lui a pas non plus procuré les services essentiels.
Dans les années 2000, le gouvernement israélien a élaboré un plan pour développer sur les ruines d’Atir une forêt artificielle appelée « Yatir » et parrainée par le Fonds National Juif, et de créer sur les ruines d’Umm al-Hiran une nouvelle ville israélienne juive du nom de « Hiran ». L’État cherche à expulser les 1.000 habitants bédouins vers la ville bédouine miséreuse de Hura.
En mai 2015, après une bataille juridique menée par Adalah, la Cour Suprême israélienne a décidé à une majorité de 2 contre 1 d’autoriser le plan de l’État de démolir les villages.
Quelques mois plus tard, la police est arrivée au foyer d’Ahmad et l’a forcé à signer un accord selon lequel il allait démolir lui-même sa maison, sinon eux allaient s’en charger et il aurait à payer une lourde amende. En contrepartie, Israël fournirait à sa famille un logement à Hura. « Ils sont venus à minuit et m’ont menacé, » dit Ahmad. « Je leur ai dit : “Où voulez-vous que j’aille ?” Ils m’ont dit “Signe ici. Ce n’est pas le moment de discuter. Signe !” »
La famille d’Ahmad a alors été expulsée vers un terrain vide sans électricité ni eau courante. Elle vit maintenant dans des abris en tôle qu’ils ont construits eux-mêmes. « Quel genre de vie est-ce là ? » demande Ahmad. « Il vaut mieux mourir que de vivre dans ces conditions. »
Action
Faites entrer en douce un mouton en Israël ! Il faut que le ministre de l’Agriculture et du Développement Rural Uri Ariel sache que les Bédouins devraient pouvoir gérer eux-mêmes leurs communautés. Vous pouvez envoyer l’image d’un mouton (ou d’une chèvre, ou d’un chameau) à Uri Ariel. Vous pouvez dessiner un mouton, ou trouver une photo sur internet. Faites preuve d’imagination, et écrivez sur votre image un message du genre « Si vous voulez vraiment respecter le peuple bédouin, ses terres, ses traditions et ses communautés, abandonnez le Plan Prawer ! »
Vous pouvez l’adresser par fax à + 972 03-9485835 ou par courriel à mankal@moag.gov.il. Puis diffusez l’image que vous avez envoyée sur Twitter, Facebook ou Instagram et invitez d’autres à faire de même. Joignez-y un lien vers cette page du site web de Kumi Now avec les hashtags #AbandonthePrawerPlan, #KumiNow, et #Kumi46.
Un texte : « Prière à la nouvelle année », de Fadwa Tuqan.
Entre nos mains une nouvelle aspiration pour toi,
Dans nos yeux des chants de louange et des mélodies incomparables,
Nous les lancerons dans ta main en offrandes chantée.
Ô toi qui émerges comme une douce fontaine d’espoir,
Ô toi qui es riche de promesse et de désir.
Que tiens-tu en réserve pour nous ?
Qu’as-tu trouvé ?
Donne-nous de l’amour, car avec l’amour les trésors de
bonté qui sont en nous jaillissent…
avec l’amour nos chants vont verdir et fleurir
et vont exploser de présents
de richesses
de fécondité.
Donne-nous de l’amour, pour que nous puissions construire l’univers effondré en nous
à neuf
et redonner
la joie de la fécondité à notre monde stérile.
Donne-nous des ailes pour ouvrir des horizons d’ascension,
pour nous libérer de nos étroites cavernes, de la solitude
de murs de fer.
Donne-nous la lumière, pour pénétrer l’obscurité la plus profonde
Et avec la force de son flot brillant
Nous allons pousser nos pas jusqu’à un précipice
Et de là moissonner les victoires de la vie.
De Fadwa Tuqan, célèbre poétesse palestinienne de la résistance. D’après la traduction en anglais de Lena Jayyusi et de Naomi Shihab Nye, publiée dans «Desert Songs of the Night : 1500 Years of Arabic Literature » (Chants du désert de la nuit : 1500 ans de littérature arabe) et éditée par Suheil Bushrui.
Traduit par les Amis de Sabeel France
Notes :
[1] Observations de conclusion sur Israël, le 9 mars 2012
[2] Département d’État des États-Unis, Rapport par pays sur la mise en œuvre des droits humains, 27 janvier 2014
Source : https://amisdesabeelfrance.blogspot.com/2019/09/v-behaviorurldefaultvmlo.html#more