En janvier 2020, la journaliste Joanna Moorhead avait lancé un appel dans le magazine catholique britannique The Tablet pour un synode qui commence par la participation des laïcs, et en particulier des femmes.
Cet appel a donné lieu à l’événement Root and Branch, qui s’est déroulé tout au long de l’année à Bristol, en Angleterre, et au cours duquel des appels ont été lancés en faveur d’une refonte radicale de la manière dont l’Église chemine collectivement et de la nécessité d’une réforme dans les domaines de l’inclusion, de la diversité, de la théologie morale et de la gouvernance.
Au cours de l’événement intitulé « Notre synode inclusif », qui s’est déroulé du 5 au 12 septembre avec les interventions de nombreux universitaires catholiques de renom et dirigeants de groupes de réforme, l’ancienne présidente de la République d’Irlande (1997 – 2011), Mary McAleese est intervenue sur le thème « Pas de synodalité sans liberté de parole – Le droit canonique doit reconnaître les droits humains des membres de l’Église ».
Elle a exprimé des réserves quant à la façon dont le pape François dirige l’Église catholique universelle, déclarant que le pontife est « un dirigeant conservateur » qui a la chance d’avoir des ennemis qui le font paraître plus libéral qu’il ne l’est. Elle a mentionné à ce sujet le document de mars du bureau doctrinal du Vatican interdisant aux prêtres de bénir les unions homosexuelles, au motif que Dieu « ne peut pas bénir le péché ». « C’est un document qui n’aurait jamais dû être écrit, mais il l’a été, et François l’a autorisé. Cela montre à quel point il est ultraconservateur ».
Quelques extraits de son intervention
– Si le développement d’une nouvelle culture de la synodalité dans l’Église présente un réel intérêt, « la synodalité ne fonctionnera – en fait l’Église future ne fonctionnera – que si elle est fermement ancrée dans un contexte où l’on accepte sans équivoque que les membres de l’Église bénéficient, au sein de l’Église et par toutes ses lois et tous ses processus, y compris les synodes, des droits de l’homme inaliénables énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 ».
– Ces droits comprennent l’égalité des hommes et des femmes, et leurs droits intellectuels à la liberté d’expression, de parole, de pensée, d’opinion, de croyance, de conscience et de religion – y compris le droit de changer de religion.
-Le droit canonique de l’Église impose des limites et des restrictions à tous ces droits et il est clair que dans la notion de synodalité de François, ces questions ne sont pas susceptibles d’être discutées. Pourtant, il est urgent qu’elles le soient. « Sans un changement de cap, il est peu probable que le prochain synode sur la synodalité débouche sur le moindre dégel ecclésial. »
Mme McAleese a déclaré qu’elle voyait un plus grand espoir dans le processus « Root and Branch » et dans le chemin synodal allemand.
-« Nous devons espérer et prier pour qu’un nombre suffisant de fidèles dans chaque diocèse, y compris les laïcs, les religieux, les prêtres et les évêques, trouvent le courage d’insister pour que la reconnaissance dans le droit de l’Église de l’égalité et de la liberté intellectuelle de tous les membres de l’Église soit une priorité dans les rapports épiscopaux nationaux qui seront envoyés à Rome pour le synode de 2023 ». Si cela se produisait, « ce serait le plus important bouton “reset” sur lequel l’Église ait jamais appuyé ! »
Mais le document préparatoire, dévoilé le 7 septembre, a montré des signes d’avoir été « méticuleusement conçu pour éviter les réactions des fidèles sur les enseignements magistériels contestés, ou sur des questions écartées comme la reconnaissance de l’égalité et des droits humains intellectuels des membres de l’Église ».
Les phases ultérieures de préparation du synode laisseront un contrôle éditorial complet aux conférences épiscopales nationales et les laïcs risquent de « disparaitre du voyage » à la fin de la première phase du processus synodal en trois parties, un processus d’« aseptisation secrète » prenant le relais, de sorte qu’en réalité ce sont les seuls évêques qui feront ensemble le voyage.
Sources :
https://www.rootandbranchsynod.org/
https://www.ncronline.org/news/people/former-irish-president-mcaleese-ramps-criticism-pope-francis