Par José Lorenzo
Le célèbre prêtre et psychanalyste français Tony Anatrella, spécialiste de l’étude de la sexualité et de l’homosexualité chez les adolescents, s’est vu interdire par l’archevêché de Paris, où il était incardiné, d’exercer tout type d’activité pastorale et thérapeutique.
Les mesures décrétées en décembre dernier par l’archevêque Laurent Ulrich à son encontre lui interdisent de célébrer la messe publiquement, d’entendre les confessions, de publier des livres, de participer à des événements publics ou à des colloques et d’accompagner spirituellement les fidèles, selon le quotidien Libération.
Collaborateur des dicastères du Vatican
Anatrella, accusé par plusieurs anciens patients de violences sexuelles, a développé dans les années 1990 un discours contre les droits civils des homosexuels. Dans le cadre de sa collaboration comme conseiller dans des dicastères du Vatican, il s’est également déclaré opposé à l’ordination sacerdotale des gays.
Surnommé « le psychiatre de l’Église », il a été dénoncé par certains de ses patients masculins pour leur avoir fait subir des « thérapies corporelles » visant à les « guérir » de leur homosexualité et ayant conduit à des abus sexuels, pour lesquels il a fait l’objet d’une enquête au cours de la dernière décennie.
La déception des victimes
Cependant, les victimes d’Anatrella sont déçues par la sanction, affirmant qu’il aurait dû être exclu de l’état clérical. « Cette décision n’est pas cohérente. Les accusations portées contre Anatrella sont si graves qu’elles auraient dû conduire à son licenciement », a déclaré à Libération Nadia Debbache, avocate des plaignants.
Selon le journal français, la décision aurait été prise en juillet 2022 par la Congrégation pour la doctrine de la foi, étant donné que, selon une note interne, « certains éléments n’ont pas été retenus par le Dicastère pour la doctrine de la foi, au bénéfice du doute, et d’autres éléments, bien que prouvés, sont considérés comme prescrits ».
Invité par Ouellet à un événement en février
L’indignation des victimes est également liée à la présence d’Anatrella, en février 2022, à un symposium international sur les vocations organisé à Rome par le cardinal canadien Marc Ouellet. Présence qui « a provoqué un scandale » et « l’affaire Anatrella, qui avait jusqu’alors été peu médiatisée au-delà des frontières françaises, a pris à cette occasion une dimension internationale ».