Le mysticisme authentique, antidote du patriarcat
Méditation quotidienne de Matthew Fox – Traduction Gilles Castelnau
Dorothée Sölle [1] croit que le mysticisme authentique est ancré dans le féminisme et « contient même un esprit de liberté qui vient pratiquement à bout de la conception traditionnelle d’un Dieu masculin et dominateur. » Elle le définit ainsi :
« La conviction mystique que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu s’accroît en nous lorsque nous nous plaçons délibérément et systématiquement du côté de l’amour. »
Sölle estime qu’un mysticisme sain est le meilleur antidote ouvrant à l’action prophétique d’une « libération réelle » et nous désintoxiquant de la dangereuse « conception d’un Dieu masculin. »
La certitude que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu donne courage, liberté intérieure et volonté de vivre l’amour et la justice.
« Ma pensée est complètement et véritablement unie à la présence de Dieu. Je ne puis être séparée de lui. Nous pouvons dire avec le mystique qu’était Paul : “Qui nous séparera de l’amour de Dieu […], ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir” (Romains 8.35 et 38) »
Sölle n’est pas seule à appeler Paul, le premier auteur de la Bible chrétienne, un mystique. Le spécialiste du Nouveau Testament Dominic Crossan, a dit que, pour Paul, « on ne peut pas être chrétien sans être mystique. » Les disciples du Christ doivent être des mystiques et des prophètes et je pense que cela est vrai pour les fidèles de toutes les religions à partir du moment où ils cherchent la présence de l’Esprit.
Sölle relie aussi au mysticisme l’expérience sexuelle, comme le fait d’ailleurs le livre biblique du Cantique des Cantiques. Elle cite une femme qui parlait de la présence de Dieu qu’elle avait ressentie dans sa première expérience sexuelle : « Dieu est la sensation océanique de notre unité avec toutes choses, de n’être séparé d’aucune.
Il est la joie d’être uni à tout ce qui vit. Il est l’extase selon laquelle l’ancien “Je” a disparu et ma nouvelle personnalité a surgi. »
Dieu n’est que notre expérience de Dieu. L’extase est, selon Thomas d’Aquin, l’expérience de Dieu, comme « l’unité » de Julienne de Norwich et la « percée de l’ego » dont parlait Maître Eckhart en disant « dans cette percée je comprends que Dieu et moi nous sommes un ».
Note :
[1] théologienne protestante allemande 1929-2003http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-spiritualite/gc854.htm