Ce que je crois
Michel Leconte.
Je crois en Jésus le Christ que je reconnais comme celui qui nous donne un esprit nouveau. Il fut celui qui évangélisa et donna un visage à ce que nous désignons par le mot symbolique de Dieu et qui désigne pour nous cette réalité ultime qui existe au plus profond de nous, mais qui est plus grande que nous. Dieu est l’Autre, radicalement différent de moi qui suis marqué par la finitude, la contingence et la mort. Ce qu’est Dieu, je ne peux dire que ce qu’en a manifesté Jésus, son visage humain.
Ce qui demeure dans mon attachement à Jésus le Christ, qui est pour moi important, est son attitude envers les « impurs » et les religieusement exclus et infréquentables, ceux qu’on appelait alors les pécheurs, tous ceux que le système religieux d’alors privait de Dieu. Jésus leur faisait bon accueil et partageait ses repas avec eux. Au point que les « pharisiens » traitaient Jésus de glouton et d’ivrogne ! Jésus annonce que son Dieu ne se laisse pas annexer par une caste de gens pieux ou vertueux qui se pensent meilleurs que les autres. Dieu n’est pas la récompense des vertueux, il se donne tout entier, sans préalable, avant même toute repentance, gratuitement. Si le Dieu de Jésus est ainsi, alors, je suis heureux de croire à son Dieu et de venir m’asseoir à son festin dans le Royaume.
Ce qui était unique chez Jésus, c’était de dire sur Dieu et son attitude quant au péché autre chose que ce que Dieu était censé dire. En accueillant sans condition les pécheurs, Jésus ne s’arrogeait pas seulement un pouvoir censé être celui de Dieu, il s’en prenait à la culpabilité elle-même, il s’attaquait au prestige que nous lui conférons. Cet homme n’a pas seulement blasphémé contre Dieu, il a blasphémé contre la culpabilité, c’est-à-dire contre celui que l’homme veut être. Et c’est toujours la culpabilité qui lui a volé sa mort avec les doctrines selon lesquelles Dieu aurait besoin de la souffrance et de la mort sacrificielle de son Fils pour consentir à pardonner nos péchés : Jésus, au contraire, affirmait que c’est par amour que Dieu nous accueille tous avec joie. Mais les Églises n’ont souvent pas compris cela…
À mon tour, confiant en l’amour de Dieu manifesté en ce prophète étonnant et incomparable, je veux re-susciter l’esprit dont il était saisi et l’amour qui l’anima jusqu’à sa mort sur la croix : non, il n’y pas d’homme condamné, car Dieu l’a re-suscité !
http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-libres-opinions/gl1726.htm