Mattew Fox (traduction Gilles Castelnau).
Un grand combattant pour la spiritualité que je respecte est l’ancien archevêque de São Paulo, Dom Helder Camara. Son livre « Spiral of Violence », écrit en 1970, évoque ce qui arrive aujourd’hui à Gaza et en Israël. Il est dédié « à la mémoire de Gandhi et de Martin Luther King ». Il a été écrit sous la puissante dictature militaire du Brésil et alors que l’Église était la seule institution à échapper partiellement à son contrôle. Néanmoins des prêtres et de nombreux fidèles ont été torturés par l’État et, à une certaine époque, plus de 12 000 prisonniers politiques se trouvaient incarcérés dont l’âge moyen était de 22 ans. « Être jeune aujourd’hui au Brésil est un crime », a-t-on pu dire !
Dom Helder Camara écrit dans son livre que « les injustices sont une forme de violence ». Il faut reconnaître et on doit dire que toutes ces injustices sont le fondement de toute la violence. C’est la violence numéro 1.
« Les gestes inhumains sont la violence numéro 1 et c’est d’elle que surgit, le plus souvent dans la jeunesse, la violence numéro 2. Car la violence institutionnalisée, la violence numéro 1, suscite la violence numéro 2, la révolte des opprimés ou de la jeunesse qui en est témoin et qui se soulève en faveur d’un monde plus juste et plus humain, même si cela implique l’usage de la force et e la torture physique et morale : c’est alors la violence numéro 3. »
C’est lorsque la violence numéro 3 surgit que les médias interviennent et propagent leurs images de violence et de répression. Mais si l’on n’y prend pas garde, on omet de dire que celle-ci est provoquée par la violence numéro 1, la violence de l’injustice et on imagine légitime d’user de tortures morales et physiques pour « rétablir l’ordre », c’est-à-dire se borner à réprimer la violence numéro 3.
http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-spiritualite/gc894.htm