Le Vatican et les évêques catholiques allemands trouvent – pour le moment – un compromis sur le chemin synodal
Renardo Schlegelmilch.
Le 22 mars a été un jour important pour les catholiques d’Allemagne. Les chefs de la conférence épiscopale allemande se sont rendus à Rome pour s’entretenir avec les dirigeants du Vatican et chercher un moyen de sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent.
L’évêque limbourgeois Georg Bätzing, chef de file des évêques allemands, avec d’autres, a passé une journée entière avec les cardinaux Pietro Parolin, Victor Fernandez, Robert Prevost, Arthur Roche et Kurt Koch. Personne n’était censé être au courant de cette réunion jusqu’à ce qu’un fonctionnaire du Vatican en informe la presse. Le soir même, à 20 heures, les deux parties ont publié une déclaration commune pour informer le monde de leur compromis. Une démarche très inhabituelle.
Sur quoi portait le compromis ? Pour l’expliquer, il faut comprendre un peu l’état d’esprit allemand. Tout tourne autour des conseils, des comités, des statuts et des assemblées.
Bien que les assemblées du « chemin synodal » se soient conclues l’année dernière par des appels à des réformes majeures dans l’Église, ces réformes, pour la plupart, ne doivent pas être mises en œuvre avant 2026, lorsque le Conseil synodal qui leur succédera entrera en fonction. Ce conseil est censé être composé du même nombre d’évêques et de laïcs devant voter ensemble sur les réformes à venir en Allemagne. Mais avant cela, un autre groupe se réunit, le Comité synodal, dont le seul but est d’établir les statuts et les règlements du prochain Conseil synodal.
Tout cela est un peu déroutant et un peu allemand.
Ce comité synodal a été la principale raison des dernières tensions entre le Vatican et les évêques allemands. Selon les responsables du Vatican, un tel comité – où les évêques et les laïcs partagent sur un pied d’égalité le pouvoir de voter et de décider – va à l’encontre des normes du Code de droit canonique, puisque l’évêque, en tant que chef de son diocèse, pourrait théoriquement être mis en minorité. L’Église allemande a une interprétation différente, comme l’a expliqué à plusieurs reprises l’évêque d’Essen, Mgr Franz-Josef Overbeck : « L’autorité épiscopale n’est pas entravée par l’implication des laïcs dans la prise de décision, elle en est renforcée. »
Deux camps, deux points de vue et pas vraiment de volonté de compromis. Jusqu’à ce fatidique 22 mars et la déclaration commune du Saint-Siège et des évêques allemands.
Leur compromis : la commission synodale allemande peut continuer à travailler, mais le Saint-Siège doit approuver chaque étape. S’agit-il d’une victoire pour l’une ou l’autre partie ? Les évêques allemands semblent le penser, puisque le 25 mars, ils ont publié une lettre en tandem avec le principal groupe de laïcs allemands ZdK (Comité central des catholiques allemands), annonçant leur intention de voter les statuts du comité synodal à la fin du mois d’avril et de réunir le comité en juin. Selon leur déclaration, ils considèrent le compromis avec Rome comme un encouragement à poursuivre sur la voie de la réforme.
Les médias et les commentateurs plus conservateurs ne sont pas d’accord. Ils considèrent que les Allemands, avides de réformes, ont été mis au pas, car ils soulignent que l’approbation de Rome est désormais explicitement requise pour les prochaines étapes de la réforme. Il pourrait s’agir du plus grand obstacle sur le chemin de la réforme synodale allemande. Comme nous le savons, Rome est très critique à l’égard des idées allemandes.
Même si les évêques allemands ont accepté ce dernier compromis, le prochain conflit est déjà programmé : lorsque le comité synodal se réunira les 14 et 15 juin, Rome devra approuver ses décisions. Les idées de réforme sont connues, puisque l’assemblée finale du « chemin synodal » les a décidées en mars 2023. Que se passera-t-il lorsque le comité synodal tentera de les mettre en œuvre ? Lorsqu’il franchira l’étape de l’établissement officiel de son nouveau conseil et qu’il demandera l’approbation de Rome ? Il est difficile de croire que les fonctionnaires du Vatican se contenteront de les faire passer.
Les Allemands ont besoin d’une certaine marge de manœuvre et de la bonne volonté de Rome pour leurs idées. Jusqu’à présent, cela semblait impossible. Après la dernière réunion, la porte semble s’être légèrement ouverte. Au moins pour l’instant, les tensions semblent s’être un peu relâchées et les deux parties semblent prêtes à travailler ensemble.
C’est un pas en avant par rapport au silence glacial de ces derniers mois, mais ce n’est en aucun cas un compromis sur les questions de réforme proprement dites. Il y a cependant deux points positifs à retenir : les deux parties se parlent à nouveau et sont prêtes à rechercher un compromis qui leur permette de sauver la face. Reste à voir comment cela fonctionnera à long terme.